A l’occasion de la parution de son dernier livre “La France russe”, Nicolas Hénin revient sur la façon dont la Russie de Vladimir Poutine transcende les clivages français et joue sur les fractures sociétales actuelles pour imposer son modèle civilisationnel.
Atlantico : Dans votre dernier livre “La France russe”, vous décrivez la diversité des réseaux russes en France et la “coercition douce” menée par Moscou. A quel point le discours russe suscite-t-il l’adhésion en France ? Quels sont les différents groupes qui y sont sensibles ?
Nicolas Hénin : Il est important de distinguer deux phénomènes. D’une part, un phénomène agressif : une politique d’influence musclée, organisée par le Kremlin visant spécialement la France. D’autre part, un phénomène franco-français : une certaine affection soit pour la politique russe, soit carrément pour le personnage de Poutine de la part d’un certain nombre de Français du milieu politique, des affaires, culturel. Ce sentiment pro-russe traverse les clivages : on trouve des “pro” et des “anti” Poutine à gauche, à droite, parmi les catholiques, les juifs de France, au sein des milieux d’affaires ou militaires, etc.
A gauche, la russophilie du PCF est historique. En effet, tout au long du 20e siècle, l’un des thèmes du PCF était celui d’un monde déséquilibré, dirigé par les États-Unis. Ainsi, même si la Russie soviétique n’était pas idéale, on la considérait comme un balancier nécessaire à l’équilibre du monde. Aujourd’hui, c’est davantage l’extrême droite qui s’est emparée de ce discours, quand bien même on trouve encore une vraie proximité avec Moscou parmi les élus communistes ou chez Jean-Luc Mélenchon.
L’idée globale qui rassemble les prorusses est la nécessité d’une altérité. Ces idées se déclinent en diplomatie internationale, dans les médias (beaucoup de sites de “réinformation” s’appuient […]
Atlantico
(Merci à oxoxo)