Selon une moyenne des sondages établie par le site WhatUKThinks, à moins de trois semaines du référendum, le camp du Brexit (British Exit) l’emporterait avec 51 % des voix. C’est la première fois depuis près d’un mois que les partisans d’une sortie du giron européen passent en tête dans les intentions de vote calculées par cette organisation, qui ne prend pas en compte les indécis.
Conséquence du revirement : vers 16 h 00 GMT, la livre britannique baissait face à la monnaie européenne, à 78,54 pence pour un euro – atteignant même en début d’échanges asiatiques 79,05 pence, son niveau le plus faible en trois semaines et demie. […]
Face à ce basculement, la présidente de la banque centrale américaine, Janet Yellen, a réitéré la position anti-Brexit de la Fed et mis en garde contre les « importantes répercussions économiques » d’un Brexit, comme l’avait fait le président américain Barack Obama fin avril en affirmant que le Royaume-Uni « perdrait de son influence mondiale ».
Pour John Curtice, professeur à l’université de Strathclyde en Écosse et spécialiste de l’étude des sondages, ces derniers sondages s’expliquent par le fait que « le gouvernement est incapable de dominer les unes des médias en utilisant la machine publique ».
Depuis le 27 mai, les ministères ne sont plus autorisés à faire campagne en faveur du maintien dans l’UE. « Nous devons aussi nous souvenir que tous les sondages que nous venons d’avoir sont des sondages effectués sur internet et ces sondages ont tendance à favoriser le camp de la sortie » de l’UE, a-t-il également dit. […]
Le renversement de tendance arrive aussi quelques jours après la présentation du projet des partisans du Brexit d’une immigration à l’australienne, avec un système de points.
« Ceux qui affirment que l’immigration n’est pas centrale dans le vote anti-UE ne comprennent pas le vote anti-UE », a écrit sur Twitter Matthew Goodwin, professeur de sciences politiques à l’université du Kent.
Pour tenter de reprendre l’avantage, le Premier ministre conservateur David Cameron, chef de file du camp du maintien, a tenu lundi à Londres un meeting aux côtés de responsables du Labour, le principal parti d’opposition, des Verts et du parti Libéral démocrate (centre). […]
Un Brexit, a-t-il argumenté, aurait l’effet d’une « bombe » sur l’économie britannique et la condamnerait à une « décennie d’incertitude » en raison des nouveaux accords commerciaux que le pays devrait négocier sitôt sorti du bloc des 28, a argumenté David Cameron, qui joue son avenir politique et sa place dans l’histoire dans ce référendum. […]
Lundi également, dix syndicats britanniques ont publié une lettre dans le quotidien The Guardian appelant leurs millions d’adhérents à voter pour le maintien.
« Après de nombreux débats et délibérations, nous pensons que les avantages sociaux et culturels d’un maintien dans l’UE l’emportent largement sur les avantages d’une sortie », expliquent-ils.
En attendant le référendum du 23 juin, le pays se préparait petit à petit à l’une ou l’autre des possibilités, et le Financial Times rapportait que les banques britanniques dispensent des instructions à leurs employés pour conseiller leurs clients en cas de Brexit. Avec un mot d’ordre, selon le quotidien financier : les empêcher de « paniquer ».
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