Le lycée Paul-Éluard de la ville de Saint-Denis (93) a été élu meilleur lycée de France en 2015, celui où les élèves progressent le plus entre la seconde et la terminale. Anne, la professeure de français de la classe de seconde de Mehdi, est l’un des trois enseignants du “projet patrimoine” développé dans le cadre de la Nuit des musées de la ville. Il s’agit pour les élèves de présenter au public la basilique Saint-Denis, où sont inhumés les rois de France…
“Au fond de moi, je me sens plus Marocain que Français. C’est un phénomène que je ne peux pas expliquer. Je ne comprends pas, mais le fait d’être marocain passera toujours en premier“, explique Medhi. Une autre enseignante lui demande s’il irait à l’école au Maroc : “Non ! répond-il sans hésiter. J’ai vu là-bas l’école de mon cousin dans un village. C’est pas bien, je ne me sentirais pas chez moi. Ils sont 300 élèves entassés dans deux classes.””
“Quelqu’un qui fait quinze fautes d’orthographe par phrase, ne sait pas construire correctement une phrase, n’arrive pas à trouver ses mots pour exprimer un tant soit peu ce qu’il aurait à dire… Notre rôle est là aussi. Sans la langue française au départ, ils ne peuvent rien faire, ils ne pourront pas avancer. La discrimination aujourd’hui, au-delà de la couleur de la peau, va être une discrimination culturelle. Les problèmes de violence explosent parce qu’on n’a plus les mots. Sortir de la cité, c’est s’exposer, parce qu’ils n’ont pas les codes“, affirme Anne, la professeure de français.