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Une serveuse a été giflée à Nice parce qu’elle servait de l’alcool durant le ramadan. Pour Géraldine Smith, la pression montante d’une minorité peut transformer la vie quotidienne. Géraldine Smith est l’auteur de “Rue Jean-Pierre Timbaud, une vie de famille entre bobos et barbus”.
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Des incidents comme l’agression de la serveuse à Nice provoquent toujours une grande gêne, comme si nous ne voulions pas y croire. Quels sont les ressorts de cet aveuglement volontaire ?

On est gêné quand la réalité ressemble à une caricature. Dans le premier jet de mon livre figurait une histoire tellement scabreuse que j’ai fini par l’enlever – aussi pour protéger la personne qui me l’avait racontée. Un imam intégriste, marié et père de famille, avait offert des dessous sexy, à motif léopard, à une enseignante dans la classe où se trouvait son fils. Cette anecdote me gênait tant elle exposait l’hypocrisie sous le masque figé de la vertu. En la rapportant, j’aurais eu l’impression de fournir un argument facile à ceux qui n’attendaient que ça pour mettre tous les musulmans dans le même sac, comme des «frustrés», des bigots enragés.

Or, je n’aurais peut-être pas pris autant de pincettes pour «bouffer du curé». En France, personne ne se dirait que dénoncer des prêtres pédophiles risque de stigmatiser l’Église catholique. Il y a un fond de mauvaise conscience par rapport à la «mission civilisatrice» de l’Occident qui nous empêche d’appliquer la même mesure aux anciens colonisés. Donc, on évite de parler de «terroristes islamistes», comme si l’Islam n’avait rien à voir dans le jihadisme. […]

En quoi l’antiracisme né de SOS Racisme dans les années 1980 participe-t-il de ce déni ?

Très simplement et de bonne foi: pour qu’on ne touche pas à son «pote», qui était noir ou arabe, l’antiraciste a célébré l’immigré et le musulman au point d’en faire des icônes, des souffre-douleurs historiques qu’il fallait enfin «respecter» tels qu’ils étaient. Comme le racisme existait bel et bien, cette défense de ses victimes – a priori une noble cause – n’a pas été perçue pour ce qu’elle était paradoxalement devenue, à savoir un déni des hommes et des femmes en chair et en os vivant parmi nous. Personne, en effet, n’a pour voisin «l’immigré» ou «le» musulman! Or, tout désaccord avec un immigré ou un musulman en particulier était stigmatisé comme du «racisme». […]

Le Figaro

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