L’ancien ministre des affaires étrangères, Hubert Védrine, craint un “décrochage des peuples” de plus en plus eurosceptiques. En cas de « Brexit » au Royaume-Uni, la solution serait une “refondation” susceptible d’enrayer l’euroscepticisme.
[…]Cette pause ne doit pas être honteuse ni subreptice. Elle n’aurait rien à voir avec un statu quo, ni avec un constat d’impuissance.
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Le préalable indispensable pour sortir de l’impasse, est une « adresse aux peuples », dans les termes les plus clairs : « Peuples d’Europe, vous êtes attachés à ce que vous avez gardé d’identité et de souveraineté. C’est légitime ! La construction européenne n’a pas pour finalité de dissoudre vos identités. Nous exercerons notre souveraineté en commun, car nous sommes interdépendants, mais nous vous comprenons et nous décrétons une pause. Pause de l’élargissement, c’est de facto le cas, on reprendra plus tard la question pendante des Balkans. Mais aussi pause dans l’intégration. » . […]
[…]Le nouveau schengen serait doté d’un contrôle efficace aux frontières extérieures et serait complété par une cogestion des flux migratoires avec les pays de départ et les pays de transit.
Cette clarification radicale et cette refondation seront violemment combattues par ceux qui croient encore au mythe fédéral et qui ont une peur panique de l’abandon de ce fétiche. Mais aussi, dans le système européen actuel, par tous ceux dont cela menacerait la routine, le pouvoir et les positions. Soit des forces de blocage considérables. Mais je suis convaincu que les peuples ne peuvent plus être négligés, encore moins menés en bateau, ou tancés comme des enfants. Et que les fuites en avant évoquées çà et là à contretemps détruiraient ce qui reste de consensus. C’est tout simplement l’épreuve de vérité démocratique, pour un projet historique qui court à sa perte s’il n’est pas fondamentalement redéfini.