J’ai passé une heure riche d’émotions dans un centre pour réfugiés. Il y a six mois, la ville a proposé au district la Shedhalle comme centre d’hébergement d’urgence. […] La culture, qui utilise ce bâtiment depuis longtemps, a dû céder la place. Un sacrifice nécessaire.
Un peu plus de 100 personnes y vivent maintenant. […] Ces derniers temps, le centre a fait l’objet de bruyantes critiques. C’est pourquoi, en tant que représentant du propriétaire, je suis allé aujourd’hui voir ce qu’il en était.
Le centre a tous les inconvénients d’un centre situé dans une halle. Il n’y a pas d’intimité. Six personnes, une famille quand c’est possible, se partagent un espace séparé sans plafond. Mais les installations sanitaires étaient neuves (préfabriqués), leur nombre est suffisant, il y a deux salles de réunion, un cabinet médical. Ce n’est pas beau, mais acceptable pour un hébergement provisoire pendant la durée de la procédure de demande d’asile; personne ici n’est officiellement reconnu.[…]
Lorsque je pénètre dans la halle, seuls les hommes viennent d’abord à ma rencontre.[…] Une manifestation m’attend dans la halle, rien que des enfants. Ils brandissent tous des pancartes qui dénoncent des conditions inhumaines. Les femmes sont toutes voilées et si loin derrière que le contact s’avère impossible. Pendant que je me fais montrer les installations, la troupe d’environ 25 personnes se met bruyamment en mouvement. Personne ne parle allemand ou anglais. Lorsque deux interprètes proposent leur aide, une discussion s’installe.
Le ton est indigné, revendicatif, presque même agressif. J’explique que je comprends, que personne n’aimerait longtemps vivre ainsi et que nous ne demandons qu’une chose, du temps pour pouvoir régler le problème. Le district de Tübingen a accueilli autant de réfugiés que l’ensemble des États-Unis (2500). […]
Les concierges […] : « Ils se sont imaginé qu’ils auraient de suite un appartement et que tout se ferait automatiquement. […] Il n’y a pas de reconnaissance. » […]
Pendant ce temps, femmes et hommes se sont à nouveau réunis en deux groupes strictement séparés. J’ai énormément de mal à m’imaginer comment nous intégrerons ces gens dans notre société, notre système éducatif, notre marché du travail. Si nous devions y parvenir, ce ne sera qu’au prix d’énormes efforts pendant une décennie, et ce n’est envisageable que si le nombre des nouveaux arrivants supplémentaires reste limité.
[…]Je pense toujours qu’il n’est utile à personne de décrire la situation autrement que comme on la voit. Qu’elle puisse être aussi sérieuse, m’accable.
Je reviens de cette visite en ayant conscience que nous devons faire beaucoup plus que ce que nous avons fait jusqu’à présent.
(Traduction Fdesouche)