Après les attentats d’Orlando et de Magnanville, Frédéric Saint-Clair, mathématicien et économiste de formation, s’interroge sur la pertinence des réactions occidentales face à l’islamisme.
Les scènes tragiques envahissent à nouveau les écrans. L’histoire se répète, et l’Occident n’en tire aucune leçon. A la question: Comment mieux nous défendre?, le pouvoir politique additionne les réponses mais peine à convaincre. Orlando et Magnanville viennent de tracer des contours neufs à l’édifice djihadiste international ; et deux individus, sans qualification ou talent particuliers, ont été suffisants pour prendre de court à la fois les populations, les services de sécurité intérieure et la classe politique. L’islamisme semble jouer avec les politiques de défense occidentales comme un marionnettiste avec son pantin. […]
Si l’Occident désire se défendre et préserver encore quelques années la part de civilisation qui lui reste, il va donc falloir remiser les fleurs et les crayons fleurs que l’on dépose immanquablement en abondance sur tous les cm² de trottoir disponible à chaque tuerie, comme celle du Bataclan.
On pourrait même ajouter les pin’s, type LGBT/USA, qui ne manqueront pas de voir le jour suite à la tuerie d’Orlando.[…]
Prendre en compte qu’une guerre psychologique suppose une communication offensive et maîtrisée, c’est à dire purgée de toute forme de «bons sentiments». Pourquoi? Machiavel répond, au chapitre XV de son ouvrage célèbre, Le Prince: «un homme qui veut en tous les domaines faire profession de bonté, il faut qu’il s’écroule au milieu de gens qui ne sont pas bons». C’est bien ce qui arrive à nos élites, tout d’abord politiques, qui, dans leur effondrement, entraînent avec elles le pays dont elles ont la charge, et puis civiles, par la multiplication des commentaires moralisateurs et compassionnels. Ces élites s’écroulent face à des profils psychologiques qui résistent à tous les artifices coercitifs dont la France, fermement attachée à son statut de patrie des droits de l’homme, est aujourd’hui abondamment dotée.
L’heure est grave, et il y a un choix à faire, mais il n’est pas certain, tant la tentation de continuer de nous apitoyer sur tout et n’importe quoi est grande, que nous soyons capables de faire ce choix, et surtout de l’assumer.