Après le double assassinat à Magnanville, Matthieu Chaigne analyse les conséquences possibles de l’accroissement des fractures françaises, notamment culturelles et religieuses. Matthieu Chaigne est le co-fondateur de Délits d’Opinion, observatoire de l’opinion publique et des sondages, et directeur conseil chez Taddeo.
Est-ce que la France peut s’enfoncer dans une guerre civile, le pays se déchirer entre ses communautés ?
Est-ce qu’une escalade incontrôlable de violence pourrait, demain, pousser des individus à prendre les armes ?
Une part croissante de Français ne fait plus de différence entre islam et islamisme.
En d’autres termes, est-ce que Daech serait en mesure d’exporter sa guerre hors des frontières du Califat ? […]
Or, le terreau n’a jamais été aussi propice sur le territoire français. A tout moment, l’étincelle peut embraser des esprits particulièrement à vifs. […]
Et qui nourrit le deuxième ingrédient de l’embrasement: la défiance. Une défiance qui puise ses racines sur un déracinement culturel. Aujourd’hui, une majorité de nos compatriotes considère «qu’on ne sent plus chez soi comme avant en France» selon une étude Ipsos. Un chiffre qui monte à 98% chez les électeurs FN et 73% chez les électeurs Républicains.
Dans leur ligne de mire, les vagues migratoires successives qui menaceraient la culture nationale. La théorie du remplacement, portée par les mouvances d’extrême-droite infuse peu à peu la société Française. Ce serait «eux ou nous». Dans cette vision binaire de la société, plus de place pour la coexistence. Le racisme s’est imposé.
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16% des musulmans déclaraient ne pas assez connaître Daech pour se prononcer… Si la tentation du pire existe aussi dans la communauté musulmane, elle est encore minoritaire.
Le Figaro