Après 43 ans d’appartenance à l’Union Européenne, le Royaume-Uni a décidé de passer à autre chose, en disant “oui” au “Brexit” à 51,9% des voix. Un événement irréversible et catastrophique selon François Jost, chroniqueur du Nouvel Obs et professeur à l’université de Paris III. Il estime que ce référendum, est un “un semblant de démocratie”.
[…] S’il y a une leçon à tirer de cet événement historique, c’est bien en effet le paradoxe suivant : le référendum, brandi par tous les populistes comme outil démocratique par lequel le peuple va s’exprimer, produit l’effet contraire de ce pour quoi il est soi-disant fait.
Car, au-delà de ces slogans qui font du pays l’acteur de cette rupture avec l’Europe, que disent les chiffres ?
D’abord que 51,9% des votants ont été favorables au Brexit. On se réjouit du taux de participation de 72,2%. Il signifie pourtant que c’est seulement un peu plus de 36% des Britanniques qui ont décidé de la sortie.
Vous me direz : on retrouve de tels pourcentages à chaque élection présidentielle. […] Dans le cas de la présidentielle, ce n’est pas trop grave car l’action d’un président peut toujours être remise en cause par des voies démocratiques (voir les “frondeurs” et les manifestations actuelles). Mais, dans le cas présent, c’est catastrophique : cela signifie que 36% des Britanniques ont décidé du sort de l’ensemble avec les conséquences dramatiques pour le pays qui peuvent en résulter. […]
Pour qu’un référendum portant sur une décision à portée historique soit juste, il faudrait au moins exiger une majorité qualifiée, par exemple que trois-quarts des votants soient pour ou contre la question posée. C’est d’ailleurs ce qui est pratiqué en France par le Congrès du parlement en cas de révision constitutionnelle.
Dans le cas contraire, cette apparence de démocratie qu’est le référendum entraînera à l’intérieur des nations des ressentiments et des haines qui pèseront lourdement sur l’avenir et sur le cours de l’histoire.
Le Nouvel Obs