Le Brexit a dévoilé le schisme politique de notre époque. Ce n’est pas la gauche contre la droite, mais les sains d’esprit contre les débiles hargneux.
[…] Le schisme qui s’ouvre sous nos yeux ne relève pas uniquement de la politique, mais aussi du rapport à la réalité. Les forces pro-Brexit l’ont emporté parce que des politiciens cyniques n’ont eu aucun scrupule à alimenter la paranoïa des électeurs, en leur mentant sur les dangers de l’immigration et les coûts de l’adhésion à l’UE. Certains commencent à admettre leurs mensonges. Donald Trump, bien sûr, aura poussé un cran plus haut la barre de la perfidie populiste et du jeu sur les peurs des électeurs, que ce soit en matière d’immigration, de commerce extérieur ou de n’importe quel autre sujet. Le Parti républicain, qui débordait déjà d’anti-science et de déni de réalité économique, s’est jeté dans les bras d’un homme qui fabrique ce faux réel où les ignorants se sentent comme chez eux.Oh, pardon, j’ai utilisé le terme d’«ignorant»? Oui, tout à fait.
Non seulement faut-il dire aux gens qu’ils hallucinent, mais la tâche des gouvernants est bien de les faire sortir de leur délire.
Est-ce que c’est «élitiste»? Sans doute. Ou peut-être en sommes-nous tellement venus à glorifier l’authenticité de la moindre conviction personnelle qu’il est désormais «élitiste» de se fier à la raison, à l’expertise et aux leçons de l’histoire. Dans ce cas, les partis qui admettent la réalité doivent se préparer à affronter ceux qui la nient et combattre les borgnes qui règnent sur ces aveugles. Si tel est le réajustement à venir, il y a des raisons d’être impatient.