Le projet de loi Egalité et Citoyenneté, en discussion à partir du 27 juin 2016 à l’Assemblée nationale, devrait permettre une meillleure insertion sociale, estime la ministre du logement et de l’habitat durable Emmanuelle Cosse qui publie une tribune dans le Monde.
Chacun d’entre nous doit pouvoir vivre dans le quartier de son choix. Pour le dire autrement, chacun doit pouvoir rester vivre dans le quartier qu’il aime ou être libre d’aller là où il aimerait vivre.
Apartheid », « ghettos »… derrière ces mots se cachent des réalités humaines douloureuses, des milliers de nos concitoyens assignés à un quartier, une tour ou une cité par des logiques d’exclusion sciemment organisées. Chacun chez soi et l’entre-soi pour tous ! Par leur égoïsme et leur peur de l’autre, avec la bienveillance de majorités régionales ou municipales conservatrices, des « territoires insensibles » fabriquent les quartiers dits « sensibles ».
Tout se passe comme si le mal-être d’une partie de notre pays servait de carburant au repli sur soi, aux logiques de bunkerisation, aux paniques morales. Les amalgames se multiplient : ici qui associent zones de pauvreté et foyers de radicalisation, là « jeunes des cités » et « djihadistes ». Pourtant, avoir vingt ans dans le rural isolé comme dans un quartier enclavé, c’est avoir moins de chances de trouver un emploi, connaître des difficultés pour chauffer son logement, galérer pour accéder aux transports, aux services publics, aux formations et à l’emploi, bref à l’autonomie. […]
En pratique, il s’agit à la fois de faciliter le retour des classes moyennes dans les quartiers qu’elles ont délaissés et d’encourager l’arrivée des ménages les moins favorisés dans les quartiers où ils sont exclus. […] Casser les ghettos de riches pour éviter les ghettos de pauvres, voici notre ambition. […]
Il s’agit donc ni plus ni moins de mener la bataille du logement abordable : face à une droite décomplexée qui entend supprimer progressivement la loi SRU (qui impose de construire 20% de logements sociaux dans toutes les communes urbanisées), il s’agit bien de faire de l’habitat social, mieux réparti quantitativement et qualitativement, un pilier dans la construction d’une société mixte et apaisée.