Avez-vous déjà vu des moutons pâturer entre deux tours HLM ou sur un campus universitaire, à la périphérie de Paris ? Insolite, n’est-ce pas… Pourtant, c’est là, en territoire bétonné que Simone Schriek élève ces animaux rustiques. Avec quatre copains, bergers urbains eux aussi, elle entend démontrer que l’agriculture en ville n’est ni un mythe ni une mode mais bel et bien une promesse d’avenir qui a droit de cité. […]
Respecter la nature et les animaux, tel est le credo des bergers urbains. « Même si on part avec un postulat de production, cela ne nous empêche pas de tisser des liens avec nos bêtes », affirme Simone au milieu du troupeau HD « Hautement Domestiqué » et mené tambour battant par La Castafiore.
Un nom donné par l’équipe car pour appeler les autres brebis, c’est elle qui bêle le plus fort. Destinée à la reproduction, cette cantatrice frisée n’ira pas à l’abattoir contrairement aux brebis d’Houilles. « Nous travaillons pour le moment avec l’abattoir de Jossigny (77), qui nous convient très bien par sa petite taille et son ambiance familiale. Nous emmenons nous-mêmes nos animaux pour qu’ils ne soient pas stressés. Là bas, contrairement aux autre abattoirs, l’éleveur, s’il le désire, peut voir comment se passe l’abattage. »
Un discours qui épouvanterait la défenseure des animaux et ex star Brigitte Bardot, mais qui a ce mérite d’éclairer chaque maillon de la production de viande. Car, en plus d’éveiller et d’informer les citadins sur leur propre consommation, l’agriculture urbaine pointe les projecteurs sur un monde paysan qui semble, lui, crier à l’agonie. […]
Malgré cela, le métier fait encore rêver. En ville, beaucoup s’improvisent agriculteurs grâce aux toits et murs végétaux ou aux jardins partagés. Les initiatives écolos-bobos essaiment, mais pour les jeunes Clinamen il s’agit surtout d’un effet de mode. « Nous ne sommes pas des éleveurs du dimanche, martèle Simone droite dans ses bottes pleines de gadoue. Notre action quotidienne est menée dans un but productif en milieu dense afin de sortir de l’anecdotique et du spectacle. Nous pensons être les seuls aujourd’hui en Ile-de-France à avoir cette ambition. »
Cette jeunesse citadine et prompte à mettre la main à la pâte serait-elle la relève de la paysannerie rurale française ? Sachant qu’aujourd’hui les trois-quart de la population vivent désormais en ville. « Oui et non, selon la bergère urbaine. Nous n’entendons pas concurrencer l’agriculture rurale. Les deux se complètent. Seulement nous, nous le faisons au milieu des gens. Un avantage qui nous permet de créer plus facilement du lien et de sensibiliser les habitants sur l’avenir de l’agriculture, en général. »[…]
TV5
Merci à cathyB