Tribune de l’islamologue Rachid Benzine intitulée “Textes sacrés et violence” sur le site musulman saphirnews.
Il ne faut surtout pas parler d’une violence inscrite dans l’islam. Au fil de 1 436 ans d’histoire, l’islam a été tout et son contraire dans les situations les plus variées avec des moments de grande ouverture interculturelle et des moments de fermeture puis à nouveau d’ouverture.
Ce qui est certain, c’est qu’une culture et une religion n’auraient pu avoir une telle durée en s’appuyant sur les idéologies de la violence actuelle. Les djihadistes actuels sont les fils du présent, pas du passé.
Comme tous les textes sacrés des grandes religions vivantes, un texte sacré est constamment en réinterprétation même si les croyants n’en ont pas conscience.
En effet, ce sont les croyants de chaque époque qui font parler les textes et qui leur donnent du sens en fonction de leur époque et de ses enjeux. Des croyants habités de pulsions violentes prendront les passages qui les intéressent pour satisfaire leurs pulsions. Les pacifistes prendront les passages pacifiques. Les mystiques prendront les passages qui leur semblent de nature à soutenir leur perception spiritualiste du religieux. Donc poser la question en présentant l’islam comme une entité intemporelle n’est pas pertinent.
L’islam est ce que les croyants de chaque époque en font et chacun selon sa tendance proclamant que sa vérité, la vérité du texte qu’il s’est fabriquée, est la seule valide
Pour prendre une comparaison sur un texte de même nature, on pourrait prendre le pari de comparer le Coran et l’Ancien Testament pour voir lequel contiendrait le plus de passages violents. […] Si les circonstances politiques et idéologiques s’y prêtaient, on pourrait tout aussi bien tuer au nom de Yahvé qu’au nom d’Allah. […]