La communauté musulmane redoute les effets pervers de l’attaque du 14 Juillet, dans cette ville où cohabitent bon an mal an de nombreux habitants issus de l’immigration et des groupuscules identitaires.
[…] Le débat s’oriente sur la suite des événements : avoir peur d’être désormais montré du doigt ? «Je n’ai peur de rien, tranche Lhassan. On n’a rien à voir avec ça, on est nés en France. Je ne pense pas que Nice soit une ville où les gens pourraient faire n’importe quoi et cibler une communauté. Les politiciens voudraient bien, mais cet amalgame ne marchera pas avec la plupart des gens.» […]Dans les Arènes de Cimiez, un quartier cossu de Nice, France et son amie Jeannine n’ont rien changé à leurs habitudes. Comme chaque dimanche, elles sont venues chercher de la fraîcheur à l’ombre des oliviers. Après l’attentat, elles espèrent du gouvernement plus de «sévérité et d’autorité» à l’encontre des «personnes qui ne se plient pas à nos lois et qui se rebellent contre le pays qui les héberge». Leurs cibles : les «Maghrébins» qui, à leurs yeux, «veulent dominer la France, faire leur loi». Bien sûr, de nombreuses personnes issues de l’immigration ont trouvé la mort jeudi, sur la promenade, et Jeannine veut éviter les «amalgames». Mais il est «très difficile de trier le bon grain de l’ivraie», dit-elle. Avant de plaider pour un «contrôle plus strict des frontières» et de n’avoir «aucune pitié» à l’encontre «du terroriste et de ses coreligionnaires». «Bah, il est déjà mort», pointe France. «Oui, mais il faut rétablir la peine de mort pour qu’ils aient une épée de Damoclès au-dessus de la tête», réplique-t-elle. France propose plutôt de rouvrir des «bagnes, comme à Cayenne».
[…] Jacques, lunettes fumées et chemise ouverte au vent, serre les dents pour ne pas «dire ce qu’[il] pense vraiment». Avant de se lâcher quand on l’interroge sur le risque d’amalgame : «A 80 %, “ils” sont d’accord entre eux. Mais on ne peut rien dire parce qu’on se fait traiter de racistes !» […]