Selon le JDD, l’attentat du 14-Juillet ravive les tensions entre des islamistes bien implantés dans la région et une extrême droite historiquement puissante.
Le tueur de Nice a terni la carte postale. Le massacre perpétré par Mohamed Lahouaiej Bouhlel a, en effet, braqué les feux sur une réalité peu glamour. La ville du Negresco et du tourisme mondain est traversée par de fortes tensions communautaires. Et l’on y redoute désormais que le carnage de la promenade des Anglais ne mette le feu à des braises déjà vives. “Pour des raisons évidentes liées à l’attractivité et au tourisme, on gomme certaines facettes de la ville et de ses quartiers, explique Yvan Gastaut, historien, maître de conférences à l’université de Nice. Mais comme à Marseille, les grands ensembles du nord et de l’est de la ville et certains îlots du centre-ville concentrent une population d’origine immigrée, pauvre et tiraillée par le fondamentalisme religieux.” […]
“Au cours des années 1990, des Algériens du FIS et du GIA se sont réfugiés à Nice, explique Patrick Amoyel, psychanalyste et spécialiste de déradicalisation. Ils ont commencé leur prosélytisme. Le relais a ensuite été pris par l’UOIF [Union des organisations islamiques de France], qui contrôle 60% des salles de prière de la ville. Son influence est de plus en plus importante. Autre signe de radicalité : 75% des Tunisiens ont récemment voté Ennahda. ” […]
Radicalité contre radicalité ? Aux municipales de 2014, Philippe Vardon, cofondateur du Bloc identitaire, à la droite de l’extrême droite, a totalisé près de 4,5% des voix, un score unique en France pour ce type de formation. Depuis, l’inventeur de “la soupe au cochon” a rejoint le Front national et siège au conseil régional.
“Il y a une radicalisation de la jeunesse très inquiétante, raconte un commerçant, même chez des gens qui se revendiquent de la droite LR. Ils sortent à Monaco ou à Cannes où tout est propret. À Nice, on est souvent à la limite de l’altercation. Les groupes ne se mélangent pas et les jeunes filles sont les plus remontées.”
Candidate aux élections régionales, Marion Maréchal-Le Pen – même si elle a surtout récolté de bons scores dans les petits villages de l’arrière-pays – séduit cette jeunesse. […]
Olivier Bettati, transfuge de l’UMP, qui a pris la tête de la liste FN aux dernières élections régionales, justifie son ralliement en raison d’une proximité trop grande entre l’ancien maire Christian Estrosi et l’UOIF. “Il a fait trop de concessions pour récupérer les voix des musulmans, explique-t-il. En faisant des imams de l’UOIF ses interlocuteurs privilégiés, il a joué avec le feu.”