Le philosophe Malek Chebel estime qu’il faut mettre “le paquet sur les discours prônant un islam des lumières, émancipateur, tolérant et vecteur de paix” et s’inquiète car «les minorités extrémistes se frottent les mains».
L’attentat de Nice risque-t-il de créer une rupture au sein de la société française ?
Si on continue à frapper des civils aveuglément, il y a effectivement un risque de dislocation du tissu social. Je vois bien que les groupuscules et minorités extrémistes se frottent les mains et que la parole s’est libérée des deux côtés. Et je crains que cela ne fasse monter les tensions de voisinage, la suspicion, la délation, la provocation, les amalgames. Mais je ne crois pas du tout à des risques de guerre civile car je pense que la société française est suffisamment mûre et sereine pour éviter des clashs.
Pensez-vous que le regard sur l’islam a changé ?
Je comprends la colère des gens du fait de la répétition de ces actes criminels horribles commis au nom de l’islam. Les Français ne peuvent pas être plus tolérants qu’ils ne le sont déjà, et je crains que ces événements ne cristallisent la haine contre une religion qui est peu connue et qui est malheureusement devenue aujourd’hui méconnaissable. Les gens ont tout à fait le droit de pratiquer leur religion chez eux mais, pour faciliter le vivre-ensemble, ils devraient se comporter d’abord comme des Français avant de se considérer comme des musulmans.
La communauté musulmane doit absolument se désolidariser de manière totale des chantres de l’islam fanatisé. Après le drame de Nice, il faudrait qu’elle se réunisse dans la rue pour soutenir solennellement les victimes de cet attentat et se déclarer haut et fort ennemie de Daech, qui est la négation de l’islam. […]
Le Parisien