Christiane Taubira sort de son silence. L’ancienne ministre de la Justice, qui s’exprime peu publiquement depuis sa démission fin janvier, a fustigé samedi “ceux qui font commerce de la peur“, dans une longue tribune sur les attentats, où elle appelle à relever le défi d’en “assécher le terreau“.
“Ressasser des poncifs sur les décisions de justice, prises en indépendance par des magistrats dans notre État de droit; gloser sur les effets de la prison lorsqu’aucun des tueurs du 13 novembre, ni celui du 14 juillet, n’avait d’antécédents carcéraux; rabâcher les sempiternelles récriminations fondées sur de seules motivations partisanes, c’est s’obstiner à déguiser la réalité, se réfugier derrière des incongruités confortables, se satisfaire de facilités aberrantes, se situer en deçà des nécessités régaliennes, et finalement nous exposer durablement au danger“, écrit Christiane Taubira.
L’ex-ministre plaide que le “besoin de sûreté, ce droit imprescriptible“, inclut la “préservation de nos libertés individuelles et publiques“. “Il convient de les organiser, pas de les opposer. Il revient à la puissance publique de trouver, et ce n’est pas simple, la souplesse qui permette d’ajuster le dispositif de sécurité aux multiples formes des attaques, dans la proportionnalité qu’exige l’État de droit, campé sur ses institutions solides”
La “rhétorique djihadiste, simple, brute (…) parvient ainsi à capter des individus en marge, au rapport parfois distendu avec la religion“, ajoute Christiane Taubira, “le terrain est celui des esprits, où frustrations, humiliations, ignorance et fêlures pourvoient en énergie destructrice“.
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