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Tribune de Jean Leonetti, ancien, ministre, député des Alpes-Maritimes, maire d’Antibes-Juan-Les-Pins, publiée dans Libération.

Le tragique attentat terroriste de Nice a renforcé une idée qui s’est installée dans notre pays : l’islam serait une religion violente qui suscite de la part de certains de nos concitoyens la crainte et le rejet.

Cette situation résulte bien sûr des revendications des actes terroristes sur notre sol par l’Etat islamique et de l’attitude d’un islamisme radical prosélyte et contraire à nos principes.
[…] La fermeté légitime de l’Etat exercée sur les imams ou les lieux de culte salafistes s’apparente pour certains à de l’islamophobie, comme toute critique émise vis-à-vis de cette religion qui se confond souvent avec une culture. Les messages de violence et de haine trouvent chez certains un écho favorable.

De concessions en renoncement, des pratiques dictées par l’islam se manifestent dans nos villes et notre système éducatif : le régime dans les cantines, les tenues vestimentaires, des exigences particulières en matière de soin, le refus de certaines activités sportives ou de l’étude de certains épisodes de l’histoire de France. Ces attitudes génèrent des situations de tensions qui ne cesseront de s’exacerber si nous ne réagissons pas pour imposer à l’islam les mêmes règles qu’aux autres religions.
Or, sans hiérarchie ni unité, le monde musulman en France n’est pas suffisamment organisé pour répondre de manière adaptée à cette situation et les appels aux «musulmans modérés» restent sans effet visible. La majorité des Français musulmans qui se reconnaît dans les valeurs républicaines est inquiète de ces dérives et de ce climat, elle qui prônent un islam des Lumières par opposition à une vision obscurantiste du Coran diffusé sur Internet. Nous devons affirmer que l’islam est compatible avec la République française et nous donner les moyens d’y parvenir avec tolérance et fermeté.
C’est à l’Etat de reprendre le chantier inachevé de l’organisation de l’islam «de» France qui doit montrer un autre visage. Cette démarche sera longue et difficile car elle n’est pas dans notre culture républicaine qui ne reconnaît aucun culte, ni dans la culture de l’islam, qui ne reconnaît aucun chef. Cela paraît cependant la seule voie pour éviter que la fracture créée entre les musulmans et la majorité du peuple français ne devienne irréparable et aboutisse à un climat larvé de guerre civile.
A un islam «en» France incontrôlé et rejeté se substituera un islam «de» France respecté et tolérant. Il n’est pas encore trop tard.
[…] Libération

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