La non-mixité raciale est-elle un outil d’émancipation ou le signe d’un dangereux repli communautaire s’interroge Sylvia Zappi journaliste au Monde ? La polémique fait rage depuis l’organisation d’un camp d’été « décolonial », prévu du 25 au 28 août, réservé « aux personnes subissant le racisme » – les non-Blancs.
Quand on est issu d’une famille immigrée et pauvre, disent ces militants, comment se reconnaître dans ces organisations où dominent les quinquagénaires blancs issus de milieux favorisés ?
Comprendre plutôt que condamner : telle est la démarche que prône aujourd’hui l’historien François Durpaire. « Il faut éviter de voir ce phénomène de manière émotionnelle et analyser les motivations de ses acteurs », explique-t-il.
Lancée par les militantes antiracistes Sihame Assbague et Fania Noël, cette initiative fait suite à d’autres événements « non mixtes », où ceux qui se nomment les « racisés » entendent se retrouver pour discuter et élaborer leurs outils de lutte. Un même élan a poussé des étudiantes de l’université Paris-VIII, frappées par l’absence de minorités visibles lors des assemblées générales contre la loi El Khomri,à organiser une semaine de débats intitulée « Paroles non blanches ».
Ces réunions ont aussitôt été dénoncées comme excluantes, voire dangereuses. Cette «dérive identitaire» est le signe d’une «déstructuration complète de la politique», a estimé le politiste Laurent Bouvet. «Sous couvert d’antiracisme, notre pays risque de voir émerger des “Ku Klux Klan inversés” , où «le seul critère qui vaille sera la couleur de peau», a renchéri le président de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), Alain Jakubowicz. Quant à la ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, elle a condamné «absolument» ces réunions qui «confortent une vision racisée et raciste de la société». […]
Les associations antiracistes existantes, comme la Ligue des droits de l’homme ou le MRAP, leur semblent exsangues et surtout dépassées. […]
Souvent taxés de « communautarisme », ils sont, depuis qu’ils organisent des moments non mixtes fondés sur l’origine raciale, soupçonnés de racisme. « C’est extrêmement négatif car ils racialisent les rapports sociaux, estime ainsi Didier Leschi, ancien préfet à l’égalité des chances de Seine-Saint-Denis et coauteur de La Laïcité au quotidien. Guide pratique (Folio, 110 p., 7,10 euros). C’est un mécanisme d’exclusion qui ne peut que renforcer ceux qui pensent qu’il y a une division de l’humanité organisée sur la race, ce qui est le cas de l’extrême droite. » […]
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