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La romancière allemande Juli Zeh met en garde contre les “réactions disproportionnées” face au terrorisme.
Pensez-vous que la situation soit comparable en France et en Allemagne en matière de terrorisme ?
Non. Les événements de Würzburg et de Munich ne sont pas comparables à ce qui s’est passé à Paris et à Nice. Mais bien sûr l’Allemagne, elle aussi, pourrait à tout moment être frappée par le terrorisme islamiste, étant donné que celui-ci vise le mode de vie occidental dans son ensemble et que l’Allemagne, à ce titre, n’est pas moins concernée.

Comment jugez-vous les réactions des autorités allemandes ?
D’un côté, je peux comprendre que les politiques et les forces de sécurité prennent au sérieux une situation comme celle de Munich, en fassent autant que possible pour limiter le nombre de victimes et arrêter les coupables. Dans la réalité, cela revient pourtant à faire vraiment tout ce qui est possible – évacuer les gares, demander à la population de rester chez soi, instaurer une atmosphère de crise guerrière majeure, un état d’exception quasi militaire.

Ce ne sont pas les morts, c’est cette réaction qui traumatise la population.

Ce sont aussi, dans les médias, les images d’hélicoptères tournoyant dans le ciel et d’innombrables commandos lourdement armés, images qui peuvent susciter le mimétisme, car ce type d’attention publique et médiatique est précisément ce que cherchent les auteurs de tels actes. On ne peut infléchir les réactions politiques et médiatiques, car elles sont celles d’individus qui ont des intérêts, portent une responsabilité et prennent leurs décisions dans ce contexte. Mais s’il était possible de peser dessus, je dirais : pour éviter de nouveaux cas, il serait souhaitable de calmer le jeu, c’est-à-dire de réagir adéquatement, bien sûr, mais surtout pas de façon disproportionnée. […] Que pensez-vous de ceux qui estiment que le terrorisme met en cause l’ouverture complète des frontières aux réfugiés ?

Pour moi, les propos de ce genre sont complètement déconnectés de la situation réelle. Les réfugiés et le terrorisme n’ont rien à voir entre eux. Le terrorisme n’est pas « importé » de l’extérieur dans nos sociétés, on sait bien que c’est une « production locale », et il partage des caractéristiques centrales avec les actes de folie meurtrière.

[…] Ce qu’il faut comprendre, c’est que ce ne sont pas ici des religions qui s’affrontent, ni l’Orient qui s’oppose à l’Occident. Ce sont des outsiders affrontant des insiders. Cette réalité est très éloignée de la problématique des réfugiés, qui elle-même échappe en grande partie aux catégories « gauche/droite ». […] Le Monde

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