“C’est toujours dans les mêmes quartiers !”, s’exclame une habitante du XVIIIe arrondissement de Paris. Le camp humanitaire pour migrants, promis par la maire Anne Hidalgo et qui devrait ouvrir en septembre dans l’arrondissement, ne suscite guère l’enthousiasme des riverains.
(…) Même son de cloche du côté de l’opposition municipale :”les élus ne sont informés de rien, ça manque vraiment de transparence!” s’indigne Pierre-Yves Bournazel, conseiller Les Républicains du XVIIIe.
“On n’est pas contents du tout”, assène Fabienne Remerand-Moreau, une nouvelle habitante attirée il y a un an par les prix “attractifs” de l’immobilier. Pour elle, le projet “Chapelle International” “va dynamiser le quartier”, mais “s’ils nous mettent le camp juste derrière, ça va tout faire foirer !”
Tamara P., étudiante de 24 ans, a elle déménagé au bout de quelques mois, excédée par les nuisances: “c’est tout le temps sale, il n’y a quasiment que des hommes dans la rue et beaucoup de toxicos, sans-abris. La mixité culturelle et le côté populaire du quartier m’avaient donné envie de m’y installer. Mais au bout de quelques mois, je ne supportais plus”, avoue-t-elle à l’AFP.
– Convergence des “misères” –
“Ras-le-bol, c’est toujours dans les mêmes quartiers!” s’emporte Fabienne Remerand-Moreau, “pourtant on paie aussi des impôts !”
Evacuation d’un camp de migrants à la station de métro Stalingrad le 2 mai 2016 à Paris © Geoffroy Van der Hasselt AFPEvacuation d’un camp de migrants à la station de métro Stalingrad le 2 mai 2016 à Paris © Geoffroy Van der Hasselt AFP
“Ici, on connaît déjà des difficultés lourdes”, pointe Pierre-Yves Bournazel, citant “les taxis clandestins, l’occupation illégale du domaine public, les campements de roms, les ventes à la sauvette…”
“C’est ajouter de la misère là où il y en a déjà beaucoup, c’est une logique injuste”, s’agace Tamara.
En 2012, l’arrondissement avait été classé en zone de sécurité prioritaire. Selon le dernier recensement de l’Insee (2013), le taux de pauvreté y est de 23,9% quand la moyenne parisienne est à 16,1%. Et le chômage avoisine les 13,7% contre 11,9% tous arrondissements confondus.
“C’est invivable !” s’énerve Margarita, une septuagénaire chilienne. Au square avec ses deux voisines, elle désigne la HLM grise qu’elles habitent depuis 40 ans, pestant contre les incivilités quasi-quotidiennes, les “dégradations” et les “motos” qui vrombissent toute la nuit.
Même s’il concède que “le nord-est parisien est très solidaire”, le directeur général de France terre d’asile (ONG chargée de la co-gestion du camp avec la mairie), Pierre Henry, estime que le choix de l’arrondissement “n’est pas le vrai sujet”: “Paris doit montrer l’exemple”.
(…) Le Point