Une enquête du New York Times révèle le fonctionnement de l’organisation chargée de planifier les attentats de Daesh. De la composition de commandos de terroristes au déclenchement de l’action de faux “loups solitaires”, cette structure porte un nom: l’Emni, qui s’occupe de tout.
Cette organisation est responsable de la plupart des attentats qui frappent le monde depuis près de deux ans et pourtant personne, ou presque, ne la connaît. Le New York Times a publié mercredi une enquête très fouillée du journaliste Rukmini Callimachi, qui révèle le fonctionnement de ce qu’on pourrait appeler le “ministère des attentats” de l’Etat islamique: l’Emni (translittération occidentale de l’arabe).
L’enquête s’appuie sur les documents de services secrets occidentaux, des entretiens avec des officiels américains et surtout le témoignage d’un ancien jihadiste, Harry Sarfo, qui purge aujourd’hui une peine de trois ans pour des charges de terrorisme dans une prison de sa ville de Brême, en Allemagne. L’homme s’est fait arrêter il y a un an, de retour de Syrie après avoir déserté Daesh, déçu par la réalité sur place. (…)
C’est ainsi l’Emni qui aurait piloté les attentats du 13 novembre, de Bruxelles mais aussi du musée Bardo de Tunis. A chaque fois, le service prend en charge la sélection des jihadistes à envoyer à l’étranger, la logistique du voyage jusqu’au paiement de passeurs pour fouler le sol européen.
Le schéma préférentiel de l’organisation est la constitution de petites unités réduites, composées par nationalités et langues maternelles. Mais des déclarations d’Harry Sarfo, éclairant potentiellement les derniers attentats commis en Europe, montrent que les commandos ne sont pas la seule voie empruntée par cette hiérarchie jihadiste.
Selon lui, l’Emni a disposé en Europe des agents clandestins. Ceux-ci contactent indirectement des personnes radicalisées et prêtes à passer à l’action.
Des convertis discrets, sans aucun passé islamiste, servent des messages convoyant les consignes des premiers aux derniers. En cas d’allégeance enregistrée en vidéo par l’assaillant avant son attaque, l’intermédiaire doit après l’attentat transmettre le fichier à l’opérateur de l’Emni qui le met alors en ligne sur les canaux de Daesh.