Le Qatar depuis le début des années 2000, ou plus récemment encore la Turquie, ont multiplié les offensives pour naturaliser des athlètes en vue de les faire participer à des compétitions internationales et aux Jeux olympiques sous leurs couleurs. Éclairage de l’historien du sport Patrick Clastres.
On peut citer l’exemple de l’équipe de handball qatari, composée de joueurs originaires du Montenegro, de France ou encore d’Espagne, tous naturalisés en vue du Mondial 2015 disputé à domicile. Ou, plus récemment, des athlètes français comme la judokate Ketty Mathé qui évoluera à Rio avec le maillot de la Turquie sur les épaules, et qui a été contrainte par là même à changer de nom [elle s’appelle désormais Kayra Almira Özdemir ( zamanfrance ) ], ou le triathlète Aurélien Lescure venu renforcer l’équipe turque de triathlon après avoir envisagé de concourir sous les couleurs de l’île Maurice.
La pratique n’est pas nouvelle. Elle trouve sa logique dans le principe de libre circulation des travailleurs et dans la volonté des États de rayonner à l’international par la victoire sportive. Déjà, en 1994, la naturalisation danoise de Wilson Kipketer, un coureur d’origine kényane, avait donné lieu à de nombreux commentaires tant cela faisait à l’époque figure d’exception.
En réalité, cette exception n’en était pas vraiment une. Simplement, le phénomène ne s’affichait pas aussi visiblement. En effet, les puissances européennes n’avaient pas besoin de naturaliser les athlètes qu’elles puisaient dans leurs empires coloniaux. […]
Des pays comme le Qatar n’hésitent pas à proposer d’importances sommes d’argent pour les convaincre (salaire mensuel garantie jusqu’à la fin de leur vie par exemple…). Quant aux pays européens tel que la France, ils ne contraignent pas les athlètes en question à se soumettre aux critères assimilationnistes qui prévalent pour n’importe quel autre candidat à la citoyenneté française. […]