La tension monte, depuis le mois de juillet 2016, à la frontière italo-suisse. Plus de 400 migrants africains refoulés par la Suisse, en vertu des accords de Schengen-Dublin, occupent les espaces publics de la ville italienne de Côme. Entretien sur cette crise avec le vice-président de l’UDC et conseiller d’État valaisan, Oskar Freysinger.
“En politique, il vaut mieux avoir le cuir épais. Cela fait bientôt vingt ans que j’en fais et je croyais avoir tout entendu. Mais ça… Ce 8 août 2016, j’ai eu un débat, à Forum sur la RTS1, avec M. Robert Cramer au sujet de la crise des migrants.
Cette crise nous frappe, nous les Suisses, comme tous les autres pays d’Europe occidentale, à ce détail près que nous n’y sommes pour rien. Nous n’avons ni participé à la déstabilisation du Moyen-Orient comme nos voisins de l’OTAN, ni invité ces populations à affluer chez nous comme l’a fait Mme Merkel.
Pour ma part, en tant qu’élu du peuple valaisan en charge de sa sécurité et en tant que vice-président du premier parti de Suisse, les choses sont claires. Les élus suisses ont pour mandat prioritaire d’assurer la sécurité et le bien-être de la population qui les élit et qui les entretient. Il est évident que dans un monde instable et interactif, aucun pays n’est une île. Mais il est évident, aussi, que nous ne pouvons contribuer à le stabiliser que là où se trouve notre sphère d’influence.
En un mot comme en cent : les autorités suisses n’ont pas d’autre mandat que de protéger la Suisse et ses frontières. Tout le reste relève au mieux de la diplomatie, au pire de l’arbitraire.
Cet été 2016, la pression migratoire a été plus forte aux frontières de l’Europe et aux nôtres que l’été précédent. A cette différence près qu’elle a été beaucoup moins médiatisée. Il est une autre différence qui devrait encore plus nous préoccuper: il y a de moins de moins de familles et de plus en plus de jeunes adultes de sexe masculin. Et il y a de moins en moins de réfugiés provenant de zones de guerre et de plus en plus d’individus dont l’origine ne justifie pas a priori le statut de réfugiés.
Par-dessus le marché — et c’est l’essentiel de notre problème, à nous Suisses —, ces individus-là refusent de s’arrêter au premier pays sûr qu’ils touchent, à savoir la Grèce ou l’Italie. Ces deux pays ne subissent plus ni le fascisme de Mussolini ni la dictature des colonels, il n’y a donc aucune raison que de vrais réfugiés refusent de s’y enregistrer.
Or ces migrants-là ne veulent rien savoir de l’Europe du Sud. Ils visent le Nord, essentiellement l’Allemagne. La pression même que notre pays subit de ce fait est la preuve que les mobiles de cette migration de masse ne sont pas humanitaires, mais socio-économiques et sans doute, pour une partie, politiques.
Si les autorités fédérales persistent à faire comme si de rien n’était et à fermer les yeux sur cette industrie de la migration, les cantons limitrophes de l’Italie s’alarment et, faute de réaction à Berne, prennent la responsabilité de contenir le flux avant qu’il devienne incontrôlable.
C’est dans ce contexte plus qu’alarmant que j’ai entendu des interlocuteurs se préoccuper avant tout de «l’image de la Suisse» dans la presse étrangère. C’est dans cette situation de crise plus grave que tout ce que notre pays a connu depuis 1945 que mon interlocuteur, M. Robert Cramer, sénateur du peuple suisse, a recommandé aux douaniers de « regarder de l’autre côté ». Il m’a fallu réécouter l’émission pour m’assurer que j’avais bien entendu un législateur suisse recommander de s’asseoir sur la loi!
Cette absurdité donne la mesure de l’impasse où l’idéologie sans-frontiériste d’une certaine élite ont conduit le pays. Ils s’efforcent déjà de soumettre notre démocratie directe aux diktats de l’Union Européenne. Vont-ils encore sacrifier les lois de notre pays, notre Constitution et la volonté de notre peuple à leur besoin maladif de se faire bien voir des élites cooptées ou à peine élues qui dirigent l’UE?“
(Merci à
)