Les tensions entre “les communautés locales et des familles musulmanes” qui ont mené à une « violente rixe », selon les mots du ministère de l’intérieur, dans une crique du Cap corse, à la sortie de Sisco (Haute-Corse), samedi 13 août, s’inscrivent “dans un contexte corse particulier” selon les “décodeurs” du Monde.
Les dernières données disponibles de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) font état d’un niveau de violence à caractère raciste supérieur à celui des autres régions françaises.
Décalé en raison des attaques terroristes du 13 novembre, le rapport a finalement été réalisé du 4 au 11 janvier 2016. Par conséquent, il ne tient pas compte des derniers attentats : l’assassinat du couple de fonctionnaires de police à Magnanville, près de Paris, le camion sur la promenade des Anglais à Nice ou encore le prêtre égorgé dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray, en Normandie.
Il ne tient pas compte non plus des tensions récentes autour du port du « burkini », ce vêtement de bain qui ménage la pudeur des femmes musulmanes et suscite des arrêtés de la part de communes balnéaires. Le maire de Sisco a d’ailleurs annoncé avoir pris une mesure similaire au lendemain des affrontements sur la plage de la commune, les rixes étant survenues alors que plusieurs femmes musulmanes se baignant dans la crique ont été prises en photo par des touristes.
Dans un contexte post-Charlie et Bataclan, le 26e rapport de la CNCDH sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie a comptabilisé le nombre d’actes anti-musulmans sur le territoire :
« Alors que l’année 2014 s’était soldée par une baisse importante des actes anti-musulmans (− 41,1 % par rapport à 2013), ces derniers ont cru de façon particulièrement inquiétante en début et en fin d’année 2015, en lien avec les deux vagues d’attentats parisiens de janvier et novembre. »
En 2015, 429 faits ont été relevés en France. Cinq régions comptabilisent à elles seules près de la moitié des actes anti-musulmans : l’Ile-de-France, Rhône-Alpes, le Nord-Pas-de-Calais, PACA et Midi-Pyrénées.
Rapportée à la population, la comptabilisation des actes-musulmans place toutefois la Corse à la première place avec un acte pour 18 000 habitants en moyenne, suivie de la Champagne-Ardenne (1 pour 87 000 habitants). […]