Analyse d’Emmanuel Berretta, Rédacteur en chef France du Point.
L’été fut éprouvant, mais aussi navrant et consternant… Avec la rentrée vient le temps de la violence
Si la gauche marche sur des œufs, c’est aussi parce que l’affaire corse de Sisco montre à quel point certains sont prêts à se faire justice eux-mêmes. C’est exactement le scénario cauchemar que redoutait François Hollande au lendemain des attentats du 13 novembre…
Les Français sont patients. Ils l’ont encore démontré cet été alors que le pays fut agressé par les fous d’Allah. À la douleur des morts, la classe politique a ajouté le spectacle désolant du « c’est pas moi, c’est lui », des rodomontades sur le mode « plus sécuritaire que moi tu meurs » tandis que le président Hollande s’accrochait à ce « vivre ensemble » de plus en plus inaudible… Un attentat, une loi et rien ne change ; le pays s’y résigne dans une « sourde colère », note Bruno Le Maire. […]
À gauche, on redoute cette surenchère sécuritaire qui risque d’abreuver une France elle-même radicalisée sur ces questions. Comment se faire entendre ? Comment appeler au calme, à la raison, au discernement sans passer pour un faible ? L’exécutif se tient sur la crête.
Manuel Valls se lance à la recherche d’un équilibre sur la question du burkini, par exemple. Il se range du côté des maires au nom du trouble à l’ordre public, condamne ce vêtement de bain d’invention récente, symbole à ses yeux d’un asservissement de la femme contraire aux valeurs de la République. Pour autant, il n’ira pas jusqu’à légiférer sur la question et réitère la consigne de sanctionner en France le port du voile intégral. Pas sûr qu’il soit suivi par toute la gauche sur cette ligne…
En effet, beaucoup sont gênés par cette polémique piégeuse qui fait le lit de la droite identitaire.
Certains à gauche sont tentés de défendre la liberté des femmes, estimant qu’elles peuvent aussi, dans un pays de liberté comme le nôtre, décider de masquer leur peau à la plage sous un burkini… Jean-Christophe Cambadélis, le patron du PS, se tient pour le moment silencieux. […]
Sept mois de campagne avec cette bombe à retardement sous les pieds, l’année politique sera chaude !