Fdesouche

Reportage du Monde sur Gorna Maoca, un village abandonné après la guerre de Bosnie et investi ensuite par des Bosniaques salafistes.

A Gornja Maoca, les hommes portent tous la barbe longue et le pantalon court, et ont sur le front la marque noire typique des musulmans habitués à multiplier les prosternations. Les femmes, quasi-invisibles, portent toutes le niqab.

« Je suis venu ici parce qu’il n’y a pas de criminel, pas d’alcool, pas de drogue, pas de femmes à moitié nues, pas de tentations. Pas comme à Sarajevo», liste Edis Bosnic. A 36 ans, ce solide salafiste à la barbe rousse fournie montre les quelques maisons simples et peu entretenues de son village, devant lesquelles sont garées des voitures déglinguées.

« Vous voyez bien qu’on n’a pas beaucoup d’argent», souligne celui qui est à la fois imam et porte-parole autoproclamé de Gornja Maoca, une enclave islamiste perdue dans les montagnes du nord de la Bosnie apparue il y a une quinzaine d’années. Selon lui, 200 habitants vivent ici chichement, entre prière et travail.

Sous haute surveillance des services antiterroristes bosniens et étrangers, ils pratiquent un islam radical, bien loin de celui très ouvert et tolérant répandu dans ce petit pays des Balkans. […]

En somme, Gornja Maoca ne serait qu’une paisible retraite destinée à pratiquer l’islam tranquillement. «En dehors des maisons, on applique la loi bosnienne, mais dans ses murs, chacun s’applique à respecter la charia, explique M. Bosnic. On accueille aussi des filles de 18 ou 19 ans qui veulent pratiquer l’islam et qui fuient leurs parents lorsque ceux-ci les en empêchent.» […]

Les autorités bosniennes relativisent la menace. «On les tient sous contrôle», assure, sous couvert d’anonymat, un policier antiterroriste. «Ils sont largement sous surveillance des services bosniens et étrangers», abonde Vlado Azinovic, qui estime que la menace a plutôt migré dans les communautés citadines, plus discrètes. Ainsi, en novembre 2015, un habitant de Sarajevo inconnu des services a tué deux militaires dans la rue avant de se donner la mort. […]

Le policier de l’unité antiterroriste avoue qu’il n’a pas les moyens d’aller beaucoup plus loin pour empêcher ces communautés d’exister : «On est sur le fil du rasoir, ce n’est pas parce que tu es salafiste que tu es forcément dangereux. On est obligé de rester dans un cadre démocratique.»

Le Monde

Merci à Lilib

Fdesouche sur les réseaux sociaux