Extraits d’un article de Bruno Guigue, Normalien, énarque, ancien sous-préfet de Saintes (Charentes-Maritimes), aujourd’hui professeur de philosophie, sur le site musulman oumma.
Stratège néo-vichyste d’un PS en putréfaction, Manuel Valls nous avait prévenus. L’élection présidentielle de 2017, disait-il, se jouera sur la “question identitaire”. Qui s’en souvient ? Personne, mais les faits parlent d’eux-mêmes. Sur le plan économique et social, celui où se déroule la vie quotidienne des Français, la gauche de gouvernement a trahi toutes ses promesses de campagne. Elle s’est vautrée dans la compromission avec cette oligarchie financière contre laquelle elle vitupérait pour épater la galerie lors des meetings électoraux. […]
Dans ces conditions, en effet, on se demande quelle partition cette “gauche” vermoulue va pouvoir jouer en 2017. Car ce n’est pas sur la question sociale qu’elle suscitera l’enthousiasme chez des électeurs échaudés par une série de trahisons en règle. […]
Cette conversion du PS à l’idéologie droitière du “trouble culturel” et du “péril islamique” restera dans les annales comme le chef d’oeuvre de Manuel Valls, et sa récurrente crispation faciale en est la mimique involontaire, la métaphore corporelle. Ses amis du “Printemps républicain” ont préparé le terrain, prétendant recomposer le message de la gauche autour des idéaux républicains, mais sans hésiter à pervertir l’universalisme hérité de 89. Ainsi ont-ils désigné à la vindicte publique le communautarisme musulman (comme on le sait, il n’y en a pas d’autre) et obtenu le parrainage d’Elisabeth Badinter, qui revendique ouvertement son islamophobie tout en assurant à la tête de Publicis la promotion de l’Arabie saoudite en Europe. L’incroyable hypocrisie de cette milliardaire féministe reconvertie dans le cirage de pompes saoudiennes symbolise délicieusement la gauche identitaire. […]
Cette politique identitaire est donc le pendant, à usage interne, d’une politique néo-coloniale de la France au Moyen-Orient dont les socialistes ont élevé la nocivité au paroxysme. En entretenant la peur de l’islam à domicile, en focalisant sur sa visibilité sociale comme si elle était grosse d’un péril mortel, elle fait oublier les compromissions de nos élites avec les régimes rétrogrades et les islamistes radicaux. […]
Car elle accrédite deux idées simples : tous nos problèmes viennent du monde musulman et les musulmans de France y sont pour quelque chose. Peu importe que cette politique nourrisse un climat détestable. […]