Editorial de Joseph Macé-Scaron dans Marianne.
Le burkini est en passe de devenir le feuilleton de l’été. Ce que sentent bien l’immense majorité de nos concitoyens dans cette affaire, en dépit des plaisanteries à deux balles et des hésitations d’une partie de leurs représentants, c’est qu’il s’agit là d’une nouvelle bataille et que reculer ne mènera nulle part sauf à se trouver un jour le dos en mur. […]
S’agit-il d’un épiphénomène, d’une mode vestimentaire comme une autre, d’une polémique montée de toutes pièces par la droite ultra qui fait ricaner les médias étrangers, et notamment anglo-saxons (vous savez, les mêmes qui prétendaient qu’il existait des armes de destruction massive en Irak) ? Ce qui est sûr, c’est que, voilà, une fois encore, l’artillerie lourde est de sortie pour nous convaincre que notre pays si éprouvé par le terrorisme est une nation hystérique prenant la mouche pour des peccadilles. […]
[…]Impossible en effet, à moins d’avoir une mémoire de poisson rouge, de ne pas inscrire cette question dans le droit fil des débats posés par le foulard à l’école, la prière dans la rue, le repas dans les cantines, les programmes scolaires, l’apartheid sexuel dans les piscines publiques, le refus qu’une femme puisse être examinée par un médecin homme à l’hôpital public… Est-il vraiment besoin de continuer quand les coups de canif portés au bon sens républicain sont si nombreux ?
Et peu nous importe de savoir si ce rapprochement que nous faisons va provoquer les criailleries de tous ceux qui considèrent que le burkini est un «vêtement comme un autre». Si c’était le cas, nous attendons avec un intérêt tout particulier les premiers hommes en burkini sur les plages et, bien sûr, la première «burkini pride» à Sciences-Po. […]