Le journaliste du Point, Saïd Mahrane, s’étonne que la défense des racines chrétiennes et l’identité de la France soient utilisées en politique, en particulier par Nicolas Sarkozy. Une stratégie qu’il estime “risquée.”
Il est faux de dire que Nicolas Sarkozy nous rejoue la même rengaine identitaire, celle déjà entonnée en 2007 et en 2012. En réalité, l’ancien président de la République innove en évoluant dans un registre différent de celui de ses précédentes campagnes présidentielles. De ce que l’on sait et de ce que l’on voit de ses premiers pas de candidat à la primaire des Républicains, l’homme agite cette fois-ci un encensoir religieux autour du thème – fondamental pour de nombreux Français – de l’identité. Le « long manteau de cathédrales » ou l’exaltation des « racines chrétiennes », formules inspirées par Patrick Buisson, évoquées par lui en 2012 n’étaient qu’un chapitre dans une campagne qui se voulait d’abord une défense de l’identité culturelle du pays.
Je parle de racines chrétiennes, c’est plus un choix culturel que cultuel. La France n’est pas chrétienne mais elle vient de là #NSLePoint
— Nicolas Sarkozy (@NicolasSarkozy) August 4, 2016
Aujourd’hui, à l’orée de cette campagne des primaires, l’appropriation de symboles religieux de manière assumée […] donne à ce thème une dimension strictement identitaire, à l’heure où la France est prise pour cible par les djihadistes de l’État islamique et que monte dans le pays un fort rejet de l’islam dans sa version rigoriste. […]
Est-ce le rôle d’un journaliste en charge de questions politiques que de s’adonner à ce genre d’analyse politico-religieuse ? Pas vraiment. Il le fait par la volonté du politique en campagne, qui s’empare d’une imagerie et de références qui souvent le dépassent pour en faire soit un glaive, soit un bouclier. Au diable, la spiritualité, la prière, les vibrations intérieures, l’intime, les murmures et les silences. Le pape François n’est pas entendu. Il y a à l’évidence quelque chose qui cloche…