Angela Merkel a demandé aux “Turcs d’Allemagne” «qu’elles développent un niveau élevé de loyauté vis-à-vis de notre pays».
Après trois mandats de politique très centriste, la chancelière, attaquée sur sa droite par la CSU et par le parti Alternative für Deutschland (AfD, extrême droite), réactive tous les ressorts de son électorat traditionnel à un rythme soutenu.
Difficile de mieux résumer le virage à droite effectué par Mme Merkel et son parti à la veille d’importantes élections régionales en septembre : les trois millions de Turcs et Germano-Turcs installés en Allemagne depuis les années 1960 sont ainsi traités comme d’éternels étrangers, et renvoyés, au plus haut niveau de l’Etat, à leur identité turque. Ils sont priés de démontrer leur « loyauté », en échange d’une attention soutenue du gouvernement « aux associations de migrants», arrivés plus récemment. La déclaration a suscité une forte opposition dans les rangs du Parti social-démocrate (SPD) et des Verts, qui reprochent à la chancelière «de placer sans raison un groupe entier sous la suspicion générale».
Depuis la manifestation de soutien au président turc, Recep Tayyip Erdogan, organisée le 31 juillet à Cologne, à laquelle avaient participé 30 000 personnes, plusieurs membres de la CDU soutiennent l’existence d’un «conflit de loyauté» au sein de la communauté turque. Ils réclament l’abolition de la double nationalité, un principe relativement récent dans le droit allemand. Elargi en 2014, il est issu d’une réforme adoptée en 1999 par la coalition composée du SPD et des Verts, qui avait introduit des éléments de droit du sol dans une législation jusqu’ici dominée par le droit du sang. La réforme, qui avait permis, notamment, aux enfants d’immigrés turcs de devenir automatiquement allemands, avait suscité à l’époque l’opposition farouche de la CDU et de son alliée bavaroise, la CSU. […]
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