Extraits de la chronique de Roger Antech dans Corse Matin, intitulée : “Sept jours en Corse La République libre du bikini”. Roger Antech est l’ancien PDG de Corse Matin.
La tempête, la folie médiatique même, soulevée par l’interdiction du burkini dans une quinzaine de communes, nous laisse maintenant désemparés sur la plage. Se peut-il qu’un pays de libertés et de vivre ensemble soit à ce point tourmenté par un débat de nature textile ?
La faute à des décennies d’une action politique empreinte de mièvreté et de naïveté parfois, d’inconstance toujours à l’égard des populations issues de l’immigration, de leur assimilation dans la nation.
Il ne faut pas craindre de l’affirmer : ceux qui par une tentative de “privatisation de la plage” – la formule du procureur de Bastia a ramené la clarté dans le tumulte – ont semé le trouble l’autre samedi à Sisco, rejettent l’essentiel des valeurs de nos sociétés, corse et française d’ailleurs, en dénient les règles et les lois, et refusent même de s’intégrer.
La religion, l’interprétation qu’ils en font, l’instrumentalisation qu’ils opèrent avec elle, ne leur servirait ainsi que de burqa. Un voile épais et intégral qui masque leur vraie nature, à la marge, affranchie, et délinquante au final.
Le monde terrorisé par Daech, redoute souvent, fantasme parfois l’apparition d’un nouveau califat. Les habitants de Sisco ont eu droit à l’installation d’un éphémère et intolérable caïdat.
À Sisco, des enfants tabassés sur la plage. À Ajaccio, des pompiers caillassés dans leur mission. Rien de tolérable, d’acceptable sur cette terre.
[…]
Comme on voudrait que les mêmes voix s’élèvent pour condamner alors tous les abus, toutes les provocations, toutes les privatisations d’un espace public ou privé, toutes les privations de liberté, des femmes singulièrement, à des fins prosélytes ou communautaires, dès lors que l’excès en est la règle.
[…]Trop de mort répandue en effet. De rassemblements tranchés à la machette, trop de moments de partage harponnés par la crainte. Tellement d’écume soulevée, et de bave aux lèvres des barbares.
Si peu de mousse au final, et dans les lieux de débauche comme ils disent, trop peu de soirées mousse… à raser les barbus, et les apprentis barbus qui empuantissent nos existences. C’est ici le seul usage qu’on fait encore du rasoir.