Les clichés, publiés par le Daily Mail (en anglais), ont fait le tour du web, particulièrement sur les sites britanniques. Une femme a été verbalisée mardi 23 août au matin puis invitée par quatre policiers municipaux à retirer son voile sur la plage de la promenade des Anglais, à Nice, en application de l’arrêté interdisant le burkini sur les plages de la municipalité. Mais ces photos font des heureux chez les sympathisants de l’organisation Etat islamique. C’est ce qu’explique à franceinfo le reporter à RFI David Thomson, spécialistes des questions jihadistes.
Il serait très étonnant que ces quatre photos ne soient pas abondamment reprises dans les vidéos de propagande jihadistes officielles, car elles représentent l’incarnation même de leur rhétorique anti-France.
Celle d’un pays ennemi de l’islam, présenté comme une terre de mécréance par excellence, où l’on humilie les musulmans sous le regard passif d’un public immobile, à travers des forces de l’ordre perçues comme une autorité qualifiée “d’idolâtre”, c’est-à-dire découlant de la souveraineté populaire et non divine. Sans exagérer, on peut considérer que ces clichés de Nice vont alimenter des années de propagande jihadiste. […]
Les sympathisants jihadistes semblent eux-mêmes surpris que la police municipale de Nice fasse leur travail de propagande à leur place. Pour eux, c’est du pain bénit. Le récit jihadiste martèle depuis des années qu’il serait impossible pour un musulman de vivre sa religion dignement en France.
Pour celles qui le portent, ce vêtement de bain est paradoxalement vécu comme un compromis entre leur conservatisme religieux et la société occidentale moderne. Ce compromis est intolérable chez les salafistes et les jihadistes. Dans ces milieux, les femmes ne vont tout simplement pas à la plage ou alors dans des conditions beaucoup plus strictes et sûrement pas en burkini, entourées d’autres femmes en bikini. Le burkini est jugé non conforme à leur interprétation du Coran et de la sunna [la loi divine].
En revanche, son interdiction génère des crispations très fortes dans une grande partie de la communauté musulmane, et en donnant corps à la propagande jihadiste, il n’est pas impossible que cette polémique génère une fracture, un dégoût de la France chez certains musulmans, au-delà même des cercles salafistes ou jihadistes. A l’heure où l’on parle de la nécessité de développer un discours pour contrer le narratif jihadiste, on s’aperçoit que non seulement ce contre-discours n’existe pas, mais qu’en plus, certaines autorités françaises offrent de quoi renforcer ce contre quoi elles pensent lutter.
Merci à berlin