La France a-t-elle un problème avec l’islam et les musulmans ? s’interroge Shlomo Sand, historien israélien, dans le Nouvel Obs.
On préfère que des jeunes filles musulmanes, coiffées d’un foulard, ne viennent pas étudier Voltaire et Rousseau à l’école républicaine ; et tant pis si elles se retrouvent dans des écoles privées financées par l’Arabie Saoudite amie !
En fin de compte, nombre de républicains laïques français d’aujourd’hui se révèlent porteurs d’une mentalité religieuse. La laïcité, comme autrefois le patriotisme, s’avère, de nos jours, l’ultime refuge de l’infâme.
Les crises économiques et sociales, à la fin du XXe siècle, tout comme le déclin de la position de la France dans le monde, ont cependant contribué à créer un malaise croissant vis-à-vis d’une nouvelle menace : la présence gênante et perturbante de “l’autre” musulman. Le fait que les immigrés aient conservé une culture différente a exaspéré les nouveaux jacobins, dont nombre d’entre eux étaient, hier encore, des maoïstes frénétiques. Une alliance s’est nouée entre ces derniers et le conservatisme traditionnel. […]
Pourquoi, diable, des femmes musulmanes préfèrent-elles porter un voile comme nos grands-mères, plutôt que de chausser de hauts-talons comme les femmes libérées ? Mieux vaut que des femmes françaises musulmanes ne profitent pas de la plage estivale, aux côtés de républicaines aux seins nus ! Mieux vaut qu’elles restent cloîtrées dans leur petit appartement !
En s’employant, autant que possible, à aliéner la communauté musulmane, on n’a de cesse de faire apparaître ses marginaux comme des fous meurtriers. Le fait qu’il y ait un large fossé entre ces croyants “zombies” et l’islam, tout comme celui qui existait hier entre les phalangistes libanais et le christianisme, ou encore, aujourd’hui, dans les territoires palestiniens occupés, entre les colons meurtriers et la religion juive, n’y change rien. Jadis, le Talmud était un livre impur, maintenant, c’est le Coran qui est coupable.