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Pour Serge Slama, maître de conférences en droit public à Paris-Nanterre, le tribunal administratif de Nice est allé trop loin en validant les arrêtés interdisant le burkini sur les plages.
Il est membre du Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigré.e.s) (wikipédia)

Même dans un contexte d’attentats terroristes revendiqués par Daesh, il n’y a pas de raison de stigmatiser les musulmans qui sont partie intégrante de notre société.

Si on admettait l’interdiction de toute tenue religieuse sur les plages publiques, ce serait admettre un changement radical de société. En raison du contexte, l’Etat républicain imposerait-il l’absence de toute religiosité dans certains espaces publics ? Nous ne sommes pas dans une société communiste, sous Mao ou Pol Pot, mais dans un Etat laïc censé être indifférent aux religions…


Dans sa décision, le tribunal administratif de Nice estime que “quelle que soit la religion, les plages ne constituent pas un lieu adéquat pour exprimer de façon ostentatoire ses convictions religieuses. Elles n’ont pas vocation à être érigées en lieu de culte“. N’est-ce pas aller au-delà du strict travail juridique ? […] Ces juges appréhendent la plage comme un lieu de neutralité religieuse où la laïcité devrait être respectée par les usagers de celle-ci et le port d’une tenue comme un “burkini”, non pas comme une expression d’une religiosité mais comme l’exercice d’un culte, comme par exemple le seraient le fait de pratiquer une messe, de faire une prière collective ou un rite vaudou sur une plage publique. […] Si on suit les méandres du raisonnement mené dans la décision du tribunal administratif de Nice, on pourrait pousser assez loin l’interdiction. Si la plage doit nécessairement être un lieu de neutralité religieuse et que le simple port d’une tenue religieuse consiste à l’exercice d’un culte, alors on peut interdire bien des signes et tenues religieuses sur les plages qui expriment des distinctions entre hommes et femmes ou “l’abaissement de la femme” : turban sikh, robes et soutanes des prêtres et bonnes sœurs, costume des juifs orthodoxes, exigeant d’être entièrement recouverts, avec le port de perruque ou d’un foulard pour les femmes, voire les tenues “tsniout” [de religion juive, NDLR] pour respecter la “pudeur” des femmes sur les plages. Là aussi certains membres de la société peuvent y voir des expressions de fondamentalismes religieux dans un Etat laïc. […] Le Nouvel Obs

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