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Paul-François Paoli est chroniqueur littéraire au Figaro et essayiste. Il a publié dernièrement Quand la gauche agonise (éd. du Rocher, janvier 2016).


Après la rixe de Sisco en Corse qui a eu lieu la semaine dernière, Paul-François Paoli revient sur le climat très dégradé qui règne sur l’Île de Beauté entre Corses et Maghrébins.

FIGAROVOX. – Cinq personnes ont été placées en garde à vue la semaine dernière à la suite de la rixe survenue à Sisco. Parmi les gardés à vue, «trois frères d’une même famille maghrébine et deux villageois de Sisco», a indiqué le procureur de Bastia. La garde à vue porte sur «des violences avec armes» pour les premiers, et «violences en réunion» pour les seconds. «A l’origine des incidents se trouvent les membres de la famille maghrébine qui ont souhaité privatiser la plage», a également déclaré le procureur de Bastia, selon France 3 Corse. Avant d’ajouter: «On a d’une part une logique d’appropriation de la plage qui relève du caïdat, et de l’autre une réaction inadaptée des villageois de Sisco». Que cette décision vous inspire-t-elle? Peut-renvoyer dos à dos des «voyous» apparemment munis d’armes et des villageois qui semblent en légitime défense?
Connaissant cette petite plage de Sisco dans le cap corse et qui est très exiguë, je me doutais un peu que c’était une affaire de territoire plutôt qu’un incident du à une manière de s’habiller. Les jeunes corses ont sans doute eu l’impression d’être de trop. Ce que nous acceptons depuis très longtemps sur le continent, l’incivilité, l’arrogance ou la violence de certains jeunes maghrébins qui ne sont pas forcément religieux, les Corses ne sont pas près de l’accepter et ils ont raison. On ne peut évidemment pas mettre sur le même plan les agresseurs et les agressés, puisque en l’occurrence ce sont les jeunes Corses qui l’ont été.
Les médias ont parlé d’ «affrontement communautaire» entre Corses et Maghrébins. Où est passée la France?

J’étais en Corse durant le mois de juillet, notamment dans la banlieue de Bastia et j’ai ressenti la tension monter après la catastrophe de Nice. J’ai entendu des propos incendiaires venant de jeunes corses au sujet des «Arabes». Nul n’ignore qu’entre Corses et Maghrébins, ce n’est pas le grand amour. Les communautés ont plutôt tendance à vivre séparées et l’idée diffusée par certains nationalistes selon laquelle la Corse serait une nation en train de se construire avec tous les habitants de l’île relève du mythe. La société corse est tolérante mais elle n’est guère assimilationniste. Pour qu’assimilation il y ait, il faut des mariages mixtes entre Magrébins et femmes corses et je n’en ai pas rencontré beaucoup en cinquante ans de fréquentation. Par ailleurs, depuis quelques années, la pression musulmane s’accentue. Il y a désormais beaucoup de femmes voilées dans la banlieue de Bastia. On ne peut pas dire que ce soit le signe d’une assimilation en cours.
(…) Figaro Vox

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