Article du Parisien sur Jamal B. qui a dû partir de Corse après la “rixe de Sisco dans laquelle il était impliqué. Ce “musulman rigoriste” nie toute responsabilité dans cette altercation.
Le procureur de la République de Bastia, s’appuyant sur les « témoignages de tierces personnes », a désigné les membres de la famille maghrébine comme étant « à l’origine des incidents », dans une logique de « caïdat ». Ce qui vaut à Jamal un contrôle judiciaire.
Il porte encore sous l’œil gauche une ecchymose, stigmate d’une soirée de cendres. Jamal B., 28 ans, appartient au « groupe des Maghrébins », par opposition au « groupe des Corses », qui se sont défiés le 13 août à Sisco. Triste raccourci sémantique, sinistre éclairage ethnique pour une rixe à l’aplomb d’une crique du Cap Corse. Mais c’est bien connu, sur l’île, il n’y a jamais d’histoires. Seulement des drames.
Si nous le rencontrons loin de chez lui, dans le décor banal d’un petit hôtel près de Paris, c’est que l’ouvrier en bâtiment vit, explique-t-il, en exil. Il a quitté Bastia, dès la fin de sa garde à vue, avec sa femme, son enfant d’un an et demi et «une seule valise». Comme ça, « vite fait». Il est clairement menacé : même inconscient, il a été frappé sur la civière le menant au camion des secours. Des appels à la haine, au meurtre, circulent encore sur les réseaux dits sociaux. « J’ai vécu treize ans en Corse. Elle m’avait tout donné : une éducation, un travail, des amis, témoigne-t-il. Depuis Sisco, nous vivons dans une atmosphère de crainte permanente. C’est une vie que nous laissons derrière nous.» […]
L’un de ses frères, connu de la justice (contrairement à lui) est écroué. Regard dans le vague, un peu perdu, il conteste toute provocation. La privatisation de la plage et les menaces ? « Nous n’avons pas posé de panneau d’interdiction. A côté de nous, il y avait un couple avec un enfant. Nous n’avons chassé personne. Pendant la journée, il y avait du monde à côté de nous.»
Ces injures lancées à un touriste belge qui photographiait le paysage ? « Ce sont des jeunes du village qui ont photographié ma femme lorsqu’elle se baignait habillée en robe longue et un foulard sur la tête», assure ce musulman rigoriste. Ces premiers coups qui auraient été portés à un adolescent corse ? «Non, c’est faux, c’est nous qui avons été agressés», maintient Jamal. Quand on lui fait remarquer que le refus d’une photo a rarement déclenché une émeute, le jeune homme maintient : «C’est incompréhensible.» […]
Le Parisien