Secrétaire nationale PS, Elsa Di Méo adresse une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et François Fillon, qu’elle appelle son “J’accuse”. Elle les accuse d’affaiblir la République.
Je vous accuse, en décomplexant la droite, de sortir du champ républicain. Déplacer le curseur politique de votre famille politique vous regarde. Emmener sur les thèmes de l’extrême droite le peuple de droite relève de la trahison nationale.
Messieurs les candidats de la droite,
Vous avez pris le chemin de la rentrée politique. Comme des enfants qui rentrent en classe préparatoire, vous avez ouvert la boîte de Pandore de votre primaire. Bronzage d’été, chemises remontées, vous avez donné le ton ce weekend de ce qui sera – j’en suis sûre à présent – la plus longue, la plus nauséabonde des années que la Ve République ait vécue en période électorale.
Je vous accuse d’avoir désigné “un bouc émissaire” : les musulmans. De France, immigrés, réfugiés ou étrangers, ils sont devenus le défouloir de vos ambitions et de votre avidité de pouvoir.
[…]
Je vous accuse de contrevenir à la laïcité républicaine. En voulant mettre sous tutelle l’islam de France M.Fillon, en affirmant que le problème ne sont pas les religions, mais une seule et unique religion M.Sarkozy. Religion à qui vous réservez quant à vous M.Juppé, et à elle seule, un pacte-charte fixant les règles du jeu. La règle du jeu, c’est l’égalité laïque et républicaine. […]
Je vous accuse de mettre à mal les racines historiques de la France : le pacte et les valeurs républicaines.
Je vous accuse de méconnaître la République française. Celle ci est plurielle, diverse, mixte. Elle est une et indivisible. Elle ne connaît qu’une seule communauté, la communauté nationale.
Elle est belle parce qu’elle avance dans le sens de l’histoire. Sa force intégratrice réside dans son ouverture et non dans le repli identitaire et essentialiste que vous proposez.
Je vous accuse de mener dans la presse et l’opinion publique une campagne abominable contre les musulmans de France pour égarer l’opinion et couvrir vos fautes. […]
Le Nouvel Obs