Pour Marwan Muhammad, directeur exécutif du Collectif contre l’islamophobie en France, l’Etat n’a pas à dicter aux musulmans la façon de s’organiser, d’autant qu’ils ne sont pas représentés aux postes-clés des institutions les concernant, explique Marwan Muhammad, directeur exécutif du Collectif contre l’islamophobie en France.
Ce rapport aux musulmans, bloqué dans un autre temps, est en décalage majeur avec la réalité sociologique de notre pays. Au quotidien, il n’y a pas de fracture identitaire avec l’islam. Les gens vivent ensemble, travaillent ensemble, construisent ensemble.
La volonté de « réformer l’islam de France » n’est pas de génération spontanée. Elle revient par intermittence, à chaque acte terroriste ou polémique qu’on chercherait à rattacher aux musulmans. Ces débats donnent lieu à des paradoxes presque indépassables ; certains responsables politiques s’empressent de dire : « Surtout pas d’amalgame entre musulmans et terroristes », mais la première chose qu’ils demandent, c’est de « réformer l’islam de France ».
Les mêmes qui parlent de laïcité à longueur d’année la piétinent allègrement dès lors qu’il s’agit de dicter aux musulmans la manière d’organiser leur culte. Reconstruire, refonder, réformer… autant de mots bien ambitieux pour des responsables politiques incapables eux-mêmes de repenser leur manière de gouverner, portant notre peuple vers un rejet inédit des institutions dont ils ont la charge. […]
Parler de « réforme de l’islam de France » à chaque acte terroriste, c’est faire porter aux musulmans la responsabilité de ses échecs sur le plan de la sécurité. Passons sur le fait de rendre l’islam exotique, en prétendant lui trouver une « adaptation » française : il n’y a pas, à proprement parler, d’islam de France. Il y a l’islam, en tant que religion et spiritualité. Puis il y a les musulmans, dans toute leur diversité, avec autant de manières de s’approprier (ou non) leur foi et leur citoyenneté qu’il existe d’individus. […]
Les polémiques auxquelles nous assistons sont ainsi révélatrices d’un mal plus profond, car ce que les politiques disent de l’islam ne dit en vérité rien des musulmans, mais raconte tout d’eux, de leur vision, pour notre société et pour l’avenir. Leur constance à vouloir produire un problème musulman révèle une triste vérité : ils n’ont tout simplement aucun projet pour notre peuple.[…]
Merci à handsome55