Jeudi matin, accompagnés d’un parent, six enfants de migrants fraîchement débarqués en France “au parcours atypique” ont pris un premier contact au collège Paul-Eluard de Garges-lès-Gonesse, classé en Réseau d’éducation prioritaire renforcé.
Pour ces enfants, la rentrée dans cet établissement imposant de 630 élèves, au coeur de La Dame Blanche, l’un des quartiers les plus défavorisés de la ville (97% de logements sociaux), se fait en ordre dispersé.
“Ici c’est une classe ouverte“ , leur explique Hélène Zamansky, leur professeur de français, responsable de l’Unité pédagogique pour les élèves allophones arrivants, non scolarisés auparavant (UPE2A-NSA).
52.500 élèves allophones – ne parlant pas français – ont été scolarisés l’an dernier en France, pour la plupart pris en charge par le dispositif UPE2A. Et l’Île-de-France en accueille à elle seule près d’un tiers, selon l’Education nationale.
Face à elle, intimidés, Deborah, Mamedy et Mamoudou, venus d’Afrique, et Sakeena et Saheera, deux soeurs indiennes, tentent de saisir ses explications, parfois avec l’aide d’un traducteur, parent ou amie: emploi du temps, carnet de correspondance, cantine…
Crâne rasé de près et grands yeux bruns, Mamedi, 15 ans, est accompagné de son père. Il n’a quasiment connu que l’école coranique, lit seulement l’arabe littéral. S’il comprend un peu le français, le jeune Malien ne parle que la langue soninké. Pour lui, venu seul par la Libye, puis en bateau avec un passeur jusqu’en Italie avant de retrouver son père en France, la tâche reste immense. “Le plus important, c’est étudier“, dit-il, traduit par son père. “Pour avancer dans la vie.”
Cette année, 15 élèves sont inscrits en première année UPE2A-NSA dans ce collège, “soit une dizaine de nationalités représentées et une vingtaine de langues parlées. C’est très enrichissant, toutes ces cultures“, témoigne Mme Zamansky. […]
Le Point