Un an après la décision d’Angela Merkel d’ouvrir l’Allemagne aux réfugiés, le Mecklembourg-Poméranie occidentale (nord-est) renouvelle dimanche son Parlement régional, un scrutin qui pourrait voir les populistes de l’AfD doubler le parti de la chancelière.
Au plus bas dans les sondages – seulement 44% lui font confiance pour un quatrième mandat, selon une enquête publiée samedi -, la chancelière, qui est aussi députée de la région, pourrait voir son propre parti, la CDU, dépassé par l’AfD à l’occasion de ce scrutin qui fait figure, avec celui de Berlin le 18 septembre, de répétition générale à un an des législatives.
Le parti AfD (Alternative für Deutschland,) pourrait devancer la CDU (Christlich Demokratische Union Deutschlands), le parti d’Angela Merkel, aux élections régionales du 4 septembre.
« Les réfugiés, ce n’est pas qu’un problème de sécurité ou d’identité, c’est aussi un problème de souveraineté, estime Enrico Komning (AfD). Quand Merkel, il y a un an, a décidé toute seule dans son coin d’ouvrir les frontières, elle s’est comportée comme une monarque. Dans une vraie démocratie, pour des décisions aussi fondamentales, on doit consulter le peuple. »
Angela Merkel et Frauke Petry (AfD)
«Vous savez, je suis en colère. Merkel a fait n’importe quoi avec les réfugiés. Faire venir tous ces gens-là chez nous, ça n’est pas normal, ça n’est pas possible ! L’AfD, je ne suis pas d’accord avec tout, mais sur les réfugiés, ils sont les seuls à dire la vérité. » Longtemps, Gunter a voté CDU, la formation chrétienne-démocrate de la chancelière Merkel. La dernière fois, il a voté pour les sociaux-démocrates du SPD. Dimanche 4 septembre, pour l’élection du Parlement régional de Mecklembourg-Poméranie occidentale, ce sera différent : «Cette fois, assure-t-il, je voterai AfD.»
Combien seront-ils, dans quelques jours, à faire le même choix ? Beaucoup, à coup sûr. D’après le dernier sondage, publié vendredi 26 août, le parti d’extrême droite arriverait en troisième position avec 21 % des voix, au coude-à-coude avec la CDU (22 %) et sept points derrière le SPD. A l’échelle nationale, un tel score confirmerait la place désormais incontournable du parti sur la scène politique allemande, après ses succès obtenus en mars lors de trois scrutins régionaux (24,3 % en Saxe-Anhalt, 15,1 % dans le Bade-Wurtemberg et 12,6 % en Rhénanie-Palatinat). Mais cela voudrait dire beaucoup plus. Car le Mecklembourg-Poméranie occidentale, malgré son faible poids démographique, n’est pas n’importe quel Land : c’est, depuis 1990, la terre d’élection d’Angela Merkel. […]
«L’AfD est incarnée par des gens qui présentent bien. La tête de liste, Leif-Erik Holm, est un ancien animateur de radio qui s’exprime parfaitement et tient un langage policé. Quant aux autres, ce sont pour la plupart des gens bien éduqués, des universitaires, des juristes, des petits chefs d’entreprise.» affuirme le chercheur en sciences politiques à l’université de Rostock, Martin Koschkar. […]
Le 4 septembre, Enrico Komning veut croire que l’AfD sera la première force politique dans sa région. Si tel n’est pas le cas, il ne sera pas déçu, car il considère que le parti a déjà gagné sur l’essentiel, à savoir la bataille des idées. «Voyez ce qui se passe en Europe : Orban en Hongrie, Le Pen en France, le FPÖ en Autriche, partout les patriotes gagnent du terrain, se réjouit-il. Et puis regardez ici le SPD et la CDU : depuis les attaques de cet été en Bavière, ils admettent enfin, comme nous, que défendre notre sécurité et notre identité est une priorité absolue. L’histoire nous donne raison. »
Le Monde