L’objectif du gouvernement est que chaque réfugié adulte puisse suivre le plus rapidement possible après son arrivée un cours d’intégration, comprenant 600 heures d’allemand intensif et 60 heures d’éducation civique. En 2014, 211 000 personnes ont suivi ce type d’enseignement. Au premier trimestre 2016, ils étaient déjà plus de 100 000. Des cours d’intégration qui ont coûté 455 millions d’euros à l’Etat en 2015, selon la Fondation Robert-Bosch, un budget qui devrait exploser cette année.
[…] Pour certains, c’est un choc de culture. Il est arrivé à Monika Szlarek-Wünsch, responsable de la coordination des cours au sein de la Hartnackschule, de recevoir la visite d’un mari furieux, parce que sa femme ne voulait plus lui obéir. «Certains chapitres du programme, comme la religion, donnent lieu à de véritables débats, explique Jean-François Bernard. Découvrir que 28 millions d’Allemands n’ont pas de religion équivaut, pour certains, à une remise en question insupportable de l’existence de Dieu. Le chapitre sur la liberté d’expression suscite toujours de longues discussions car ils ont beaucoup de mal à comprendre quelles sont les limites de la liberté d’expression.» […]
Le programme se heurte aux attentes forcément différentes de réfugiés avec un niveau universitaire (nombreux parmi les Syriens) ou analphabètes (comme de nombreux Afghans). Les tensions sont fréquentes entre les élèves. Monika Szlarek-Wünsch a dû plusieurs fois intervenir, comme lorsqu’un jeune Palestinien homosexuel s’est fait insulter par des camarades arabes et russes ; un Israélien comprenant l’arabe s’est plaint des commentaires antisémites ou sexistes à l’égard de l’enseignante de la part de jeunes Palestiniens de son groupe. «Il nous est difficile d’intervenir dans ce genre de conflits lorsqu’il s’agit de grands débutants, ne parlant pas anglais et pas encore allemand», explique-t-elle. […]
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