Chez les Traoré – 17 frères et sœurs -, la famille, on n’y touche pas. Le père, travaillant dans le bâtiment, originaire du Mali et polygame, a eu 4 femmes. Certaines étaient maliennes, d’autres françaises, et elles pouvaient coexister. L’enfance a été très heureuse : «C’est souvent mal vu, la polygamie, mais nous, on est une famille très liée. J’appelle la mère d’Adama “maman”.»(…)
Il est parfois difficile de retenir son attention, téléphone qui sonne depuis le Mali et conversation en soninké, enfants, douche, Nutella, linge, tu manges ou on va pas à Beaumont, et puis va prendre ta douche allez, allez ! Mais, quand elle parle de la mort de son frère, elle est là : mains croisées, regard intense, paroles acides. Notamment concernant le procureur Yves Jannier, un «voyou» qui «n’honore pas sa profession».
Sa communication a fait beaucoup de mal à la famille : la sœur d’Adama Traoré le dit, «On s’est sentis humiliés, salis. Il n’a aucune considération pour nous.» Elle balaie l’idée de racisme anti-Noirs que certaines personnes ont pu évoquer. «C’est un autre combat. Peut-être y a-t-il un lien, je ne sais pas. Mais, ce n’est pas ce que je défends. Moi, je veux juste la justice pour Adama.» (…)
Elle a voté Hollande en 2012, en a «honte» à présent, ne réitérera pas l’expérience. Lui reste la foi en Allah, «encore plus forte depuis ce qui s’est passé», qui leur permet, à elle et sa famille, «de tenir». Elle a trouvé l’affaire du burkini «ridicule», estimant la position de la France par rapport aux musulmans «caricaturale et stigmatisante». Sinon, Assa Traoré aime les romans d’amour, voyager, et les bananes plantain. Elle souhaiterait aussi avoir un quatrième enfant. Que ce soit une fille ou un garçon, elle l’appellera sans doute Adama.
Merci à Asimov