Dans toutes les hypothèses retenues par les sondages, Marine Le Pen se qualifie au second tour de la présidentielle. Pour Bruno Bernard, le FN a prospéré sur les cendres du RPR et de la gauche républicaine. Bruno Bernard est ancien conseiller politique à l’ambassade de Grande-Bretagne.
Marine Le Pen sera au second tour de l’élection présidentielle de 2017. Elle le sera dans tous les cas de figures inventées par les sondeurs, elle frôle même les 30% et ne semble ne pas arriver en tête du premier tour que dans la configuration où Alain Juppé est le candidat des Républicains. […]
En 2016, Marine le Pen a fait main basse sur les emblèmes de la République que son père délaissait, elle les a repris sur les dépouilles de Philippe Séguin et Charles Pasqua qui n’ont pas eu de descendance politique et des mains d’un Jean-Pierre Chevènement plus isolé que jamais à gauche. En récupérant Florian Philippot, chevènementiste discret en 2002, elle a également fait la meilleure recrue possible pour permettre à son parti de passer un cap. Grâce à lui, le Front National parle la langue du RPR d’antan, celui de l’appel de Cochin, de Michel Debré, de l’union Séguin-Pasqua contre Maastricht, celui où la croix de Lorraine existant encore. […]
Fort de ses positions anciennes et bien connues sur l’immigration et la préférence nationale, le FN de Marine Le Pen a considérablement augmenté son arsenal pour couvrir une surface politique laissée en friche par une UMP puis des Républicains toujours plus proches de l’ancienne UDF. […]
Si les transfuges vers ce dernier sont encore des cinquièmes couteaux, si pour l’instant le plafond de verre du second tour tient toujours, la victoire idéologique de ce nouveau Front National, incarné par une femme – pied de nez ultime au féminisme dévoyé d’aujourd’hui – est incontestable. Julien Dray se trompe lorsqu’il parle de la constitution d’un «monstre réactionnaire» entre droite et extrême droite, il serait plus avisé de parler de recomposition. En réalité la transformation du Front National permet le rééquilibrage de la droite française qui était orpheline depuis 1992 et la lente agonie du RPR d’un parti plus populaire, eurosceptique et interventionniste économiquement.
La nature a horreur du vide, la politique aussi.