Ils ont frappé en Picardie. En plein cœur de la région, à deux pas du Pas-de-Calais. Chez nous. Comme ils ne connaissent rien à rien et qu’ils sont toujours dans la caricature la plus bornée, la plus sauvage et la plus brutale, ils n’ont rien trouvé de mieux, au bout de leurs rires gras, que de se rendre en pleine nuit devant le salon de coiffure de Mohamed Manoubi, à Albert, dans la Somme, pour y déposer une tête de porcelet grillée. Mohamed a ouvert son salon de coiffure il y a un mois en centre-ville d’Albert. Comme n’importe quel artisan qui exerce dans ce pays, Mohamed se tue à la tâche, ne compte pas ses heures et travaille de ses mains pour ne rien devoir à personne et regarder dans son miroir sa dignité d’homme.
Ils ont voulu frapper Mohamed dans son identité d’être humain. Mais rien ne peut atteindre le commerçant d’Albert. Car Mohamed a tout notre soutien, tout notre respect et, oui, tout notre amour. C’est d’humanité qu’il est question. Mohamed est notre frère en humanité. Il est notre ami. Et tous autant que nous sommes, qui n’avions jamais mis les pieds à Albert ou dans ce salon de coiffure, nous avons furieusement envie de faire des kilomètres pour nous y rendre.
Mohamed a porté plainte. Nous le soutenons. Comme à chaque fois, ça va nous rapporter quelques sales commentaires et autres vomissures dont se remplissent des réseaux sociaux qui ne supportent pas un bout de sein mais font la courte échelle à tous les extrémismes.
Il n’y a aucun hasard dans une société où d’aucuns rêvent de placer tous les débats dans une considération d’ethnie, de race ou de religion supposée. En face, comme chantait le grand Jacques, Nous n’avons que l’amour.
On est au moins sûr d’une chose : c’est que Mohamed, à Albert, est un homme. On sait aussi que d’autres y sont des porcs.
Le Courrier Picard