La faillite des élites ?
« La lutte des classes existe, et nous l’avons gagnée », dit souvent Warren Buffet. A Londres en 2015, le loyer mensuel moyen atteignait 3.500 euros. Au même moment à Paris, le prix moyen du mètre carré flirtait avec les 8.000 euros. Dans une ville comme dans l’autre, les prix ainsi pratiqués transforment les grandes métropoles en citadelles dont les logements, les emplois, les salaires et les loisirs deviennent inaccessibles à la quasi-totalité de la population. Derrière ces murs, « la France d’en haut ». Celle qui accepte une mondialisation qui lui profite ou dont elle est statutairement protégée. Chaque année plus riche, ce pourcentage de la population serait pourtant déjà en train de vivre son crépuscule.
C’est la thèse défendue par le géographe et consultant Christophe Guilluy, auteur de « Crépuscule de la France d’en haut » (Flammarion) et invité aujourd’hui de Guillaume Erner pour en parler dans les Matins de France Culture (1ère partie de l’interview et 2nde partie de l’interview)
Extraits de l’intervention de Christophe Guilluy :
Les catégories populaires ne vivent plus là ou se crée la richesse, l’essentiel de l’emploi, et où se concentrent les activités de l’économie-monde.
L’immigration, au delà du discours sur les “sociétés ouvertes”, sert d’abord à remplir des fonctions d’emplois peu qualifiés dans les grandes métropoles, donc c’est un intérêt pour les grand entreprises qui emploient cette main d’oeuvre.
La “société ouverte” est un synonyme de “loi du marché”.
Ce qu’on appelle les bobos sont aussi ceux qui contournent le plus la carte scolaire, donc vous pouvez tenir un discours parfait sur la “société d’ouverture” et en même temps être dans l’évitement scolaire et dans l’évitement résidentiel, ça veut dire que vous érigez des frontières invisibles sans le dire et vous êtes bien dans un rapport complexe à l’Autre.