Fdesouche

L’accord entre l’Union européenne et la Turquie sur les réfugiés aura bientôt six mois. Il n’est pourtant toujours pas entré en vigueur. Et les raisons sont diverses.


Effet de dissuasion

Depuis le 20 mars dernier, l’accord européen prévoit de renvoyer vers la Turquie tous les migrants qui arrivent illégalement sur les îles grecques, même s’ils demandent l’asile. L’effet de dissuasion est là: si en juillet 2015, 50 000 réfugiés sont arrivés sur les côtes grecques, en juillet 2016, leur nombre était de 2000, soit 25 fois moins. L’objectif est donc rempli, mais le principe sur lequel il repose – à savoir que la Turquie est un pays tiers sûr – est quant à lui caduc.
Aucun demandeur d’asile n’a été renvoyé vers la Turquie

Autre , en six mois, aucun demandeur d’asile n’a été renvoyé vers la Turquie dans le cadre de cet accord européen, à part 13 personnes renvoyées par erreur au début. L’information est confirmée par le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, par les ONG Human Rights Watch, Amnesty-Europe.
“Ce qui bloque, c’est que pour le moment, la Turquie ne peut pas être considérée comme pays sûr”, selon Gérald Knaus, à la tête du think thank européen ESI, European Stability Initiative. C’est lui qui a imaginé l’accord, repris ensuite par l’Allemagne: “L’accord avec la Turquie ne crée pas de nouvelles lois. C’est juste une déclaration. Les lois sur les droits des réfugiés qui étaient déjà là avant sont toujours en vigueur, les lois grecques et la directive européenne. Cela signifie que pour quelqu’un qui fait une demande d’asile en Grèce, d’abord il y a un entretien pour établir si elle peut être renvoyée vers la Turquie, et si la Turquie est sûre pour cette personne. Pour que le renvoi ait lieu, les autorités turques doivent montrer où ce réfugié sera accueilli. Combien de temps ça prendra pour une procédure d’asile, si le personnel qui suit ces procédures, si les interprètes, sont en place et qualifiés. Et en ce moment, les autorités turques ne peuvent pas s’y engager “.
Cela inquiète aussi le Haut-Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés. Pour le moment, il n’a pas encore accès aux centres où devraient échouer les demandeurs d’asile renvoyés sur le sol turc.
Et puis il y a la Grèce. Elle a posé des balises à l’accord. La loi grecque s’oppose aux retours forcés de migrants vulnérables, comme les femmes enceintes, les enfants, les personnes âgées ou encore les victimes de tortures.
Sans parler du climat actuel en Turquie, très tendu, notamment à cause des attentats à répétition. La liberté d’expression est également en danger, le respect des minorités aussi. Toutes ces choses s’ajoutent à la situation des réfugiés, souvent critiqués.
Tout cela donne lieu à de nombreux recours. Et donc pas de retours forcés, pour le moment en tous cas.
(…) RTBF.be

Fdesouche sur les réseaux sociaux