Les électeurs de la capitale allemande élisent dimanche leur parlement régional et les maires d’arrondissements. Dans certains quartiers, le vote des électeurs d’origine étrangère sera décisif.
«C’est un des paradoxes du vote des Turcs d’Allemagne, rappelle Gülistan Gürbey, politologue à l’Université Libre de Berlin et spécialiste des relations germano-turques. En Turquie, ils votent pour les conservateurs de l’AKP et en Allemagne, pour le parti-social démocrate ou pour les Verts…»
Onur Bayar a planté son stand sur la Karl-Marx Strasse, une artère commerçante à forte densité de circulation du quartier populaire de Neukölln à Berlin. Tables en plastique blanc, parasol orange et blanc estampillé du logo de la CDU… Onur Bayar, 19 ans, fils de Kurdes de Turquie, fait campagne pour le parti de la chancelière allemande Angela Merkel, dans ce quartier où la majorité de la population a des racines étrangères.
«Quand j’étais au lycée, j’ai regardé les programmes des différents partis, se souvient le jeune homme. J’ai choisi la CDU parce qu’avec ses valeurs chrétiennes de solidarité et l’importance qu’il accorde à la famille, cette formation m’a semblé être la plus proche des valeurs de l’islam qui sont pour moi essentielles.» […]
Pour les différents partis du pays, les électeurs d’origine turque constituent un appoint de voix incontournable. 200 000 d’entre eux vivent ainsi à Berlin. T-shirt gris, short de sport, chaussures de basket aux pieds, Onur Bayar plie les prospectus que sa bande de copains – Yasmine (mère allemande, père africano-indien), Bilal (Turc), Abas (Libanais), Cesur (Turc) et Wladimir (Russe) – distribuent aux passants. La campagne se fait, souvent, en turc. Des femmes voilées poussent leurs poussettes, des bandes de garçons à la coiffure soigneusement gominée, t-shirt blanc moulant des biceps entraînés, chaînes autour du cou passent devant le stand. […]
Mission difficile que celle d’Onur Bayar. Jeune issu de l’immigration, il doit affronter les réticences des Allemands de souche âgés, tentés selon les sondages par les sirènes du parti populiste AfD. Kurde, il lui faut faire face aux réserves de nombreux Turcs. […]
Le Temps