L’ Alternative pour l’Allemagne (AfD a fait dimanche une percée aux élections régionales à Berlin. Le mouvement peut espérer devenir la troisième force politique du pays, derrière la CDU, qui s’effrite, et le parti social-démocrate (SPD). Est-il pour autant la version allemande du FN ? 20 Minutes fait le point.
Face à un monde ouvert et globalisé, l’AfD et le FN invitent leurs peuples respectifs au repli sur soi : « Ces deux mouvements demandent aux citoyens de penser ‘national’ », résume Isabelle Bourgeois, chargée de recherche au Centre d’information et de recherche sur l’Allemagne contemporaine (Cirac). Logiquement, ces partis sont donc eurosceptiques. Ils pointent également du doigt « l’étranger », que celui-ci soit un immigré, un réfugié de guerre ou un plombier polonais. […]
Le FN et l’AfD partagent (globalement) les mêmes idées, mais ces deux partis ne sont pourtant pas relégués à la même place sur l’échiquier politique. Quand la presse française classe le premier à l’extrême droite, les médias allemands qualifient le second de parti de la droite dure. Pour quelle raison ? «Le poids de l’histoire», répond Isabelle Bourgeois. Si le FN est né au début des années 1970 en se définissant lui-même comme un parti d’extrême droite, l’AfD est un mouvement beaucoup plus jeune : il a seulement trois ans d’existence et a toujours refusé d’être associé à l’extrême droite. […]
Si elle gagne du terrain dans des régions plus prospères, comme dans le Bade-Wurtemberg, l’AfD enregistre ses plus gros scores – supérieurs à 20 % – dans l’ex-RDA communiste. Elle y séduit «les exclus du système, ceux qui n’ont pas ou peu de qualifications, ceux qui sont au chômage. Elle convainc plus particulièrement les jeunes et les hommes», détaille Isabelle Bourgeois. « L’AfD séduit également ceux qui pensent que leurs idées ne sont pas défendues par les partis traditionnels», ajoute l’experte.
Comme en France ? « Le FN a effectivement un fort écho auprès des laissés-pour-compte, mais pas seulement. Le parti séduit de nombreuses personnes de la classe moyenne qui sont objectivement de plus en plus déclassées », analyse Isabelle Bourgeois. La chercheuse résume ainsi la situation : « L’AfD est un vote de mécontentement en Allemagne, alors que le FN est un vote de désespoir en France. »
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