Le phénomène de la radicalisation n’épargne pas le personnel pénitentiaire. Et c’est le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas qui le reconnaît lui-même. Côté syndicats, on regrette qu’aucune sanction n’ait été prise à l’encontre de ces agents qui ne respectent pas le devoir de neutralité qui leur incombe.
«Nous avons notamment relevé des cas d’élèves surveillants à l’Enap (École Nationale d’Administration Pénitentiaire) qui refusaient de manger avec des femmes et qui revendiquaient le droit à faire leur prière» affirme Jean-François Forget, secrétaire général de l’UFAP-Unsa Justice. Des cas que conteste l’administration pénitentiaire.
“J’ai eu des cas sur lesquels nous avons pris évidemment les mesures adaptées», a déclaré Jean-Jacques Urvoas mercredi sur RTL, évoquant «des sanctions» et «des éloignements». En revanche, le garde des Sceaux se refuse à communiquer un chiffre. «C’est infiniment minoritaire mais suffisamment réel pour que nous puissions effectivement en parler dans le cadre de la politique de ressources humaines» en prison“, a-t-il ajouté.
Les signalements proviennent à la fois du terrain et du renseignement pénitentiaire. «C’est un collègue qui change d’attitude, qui se met à parler de religion alors qu’il ne le faisait pas avant et qui nous pousse à nous interroger», décrit une source syndicale. En cas de fortes suspicions, une surveillance accrue est mise en place et peut conduire à une procédure disciplinaire, entraînant soit un éloignement du fonctionnaire de la population pénale, soit une suspension, voire une révocation. Et si un délit est commis, un signalement est effectué auprès de l’autorité judiciaire. «Mais cela n’a jamais été fait jusqu’ici», indique-t-on à la Chancellerie. […] L’administration pénitentiaire a recruté 2100 personnels l’année dernière, et prévoit d’en recruter 2500 supplémentaires l’année prochaine. Le niveau d’exigence lors de ces recrutements devra être «élevé» au regard de ce risque, même marginal, a estimé mercredi le ministre de la Justice. À chaque recrutement, une enquête de la préfecture vérifie notamment que les agents ne sont pas fichés «S» et que leur casier judiciaire est vierge.
Le Figaro
Merci à handsome55